En collaboration avec la Direction générale des Antiquités du Liban, plusieurs restaurations d’envergure ont été entreprises sur les collections prêtées pour l’exposition Fascination du Liban, à découvrir au Musée Rath jusqu’au 31 mars 2013.
Parmi les objets ainsi traités, deux sarcophages byzantins en plomb, restaurés dans le laboratoire du Musée d’art et d’histoire, sont présentés au public pour la première fois.
Lors de leur découverte à Beyrouth en 1967, les sarcophages avaient été équipés d’un support intérieur en bois pour maintenir les plaques de plomb en place et préserver l’intégrité de l’objet. On notera qu’il ne comporte pas de fond, probablement un choix délibéré des conservateurs lors de l’enlèvement de la fouille, afin ne pas rajouter un poids inutile.
Une étonnante technique
La surface des sarcophages présente des décors raffinés qui sont exécutés selon une technique tout à fait étonnante: dans le sable mouillé, les motifs sont imprimés en creux, le plomb y est ensuite coulé, épousant parfaitement les reliefs crées auparavant. Une fois refroidies, les plaques sont assemblées entre elles. La nature ductile de la matière permet une mise en forme aisée, effectuée à certains endroits par simple pliage.
Cette matière a cependant ses fragilités et sa détérioration a fortement endommagé les sarcophages. Pour présenter ces œuvres au public, une action de dégagement et de conservation, ainsi qu’une intervention esthétique, étaient indispensables.
À leur arrivée à Genève, la surface des plaques de plomb était recouverte d’une couche blanche et granuleuse, un produit de corrosion s’étant naturellement formé durant les quelque 1500 ans d’enfouissement des sarcophages. Car le plomb métallique, de par sa forte réactivité aux conditions environnementales, se transforme en oxydes et en carbonates de plomb. Si les oxydes de plomb qui se présentent comme une matière stable, dense et uniforme, ne posent pas de problèmes pour la conservation des objets, les carbonates, en revanche, apparaissent sous forme de pustules ou de cratères pulvérulents et attaquent la matière en profondeur.

Le traitement proposé a eu pour objectif d’éliminer les produits nocifs, spécialement là où ils se montrent destructeurs, en tenant compte du fait qu’il n’est pas envisageable de tous les éliminer, certains étant inaccessibles car situés à l’intérieur des couches de corrosion. En outre, l’épaisseur des couches de corrosion a été diminuée et la surface débarrassée de ses concrétions.

Il s’agit d’un travail de patience et de compromis qui s’effectue par abrasion des produits de corrosion indésirables au moyen de petites brosses et petites meules. Une fois terminée, la restauration permet aux sarcophages de voir leurs conditions de survie améliorées et leur lisibilité facilitée.

La restauration de ces pièces a bénéficié du généreux soutien de Banque Audi (Suisse) SA.
Bravo pour cette exposition préparée grâce aux bons soins de Mme Maïla-Afeiche, conservatrice
du Musée National de Beyrouth, en collaboration avec le musée Rath de Genève.
La diversité des objets présentés montrent à quel point la Terre du Liban, est imprégnée d’une
civilisation plusieurs fois millénaire, favorisant une identité citoyenne et justifiant l’indéfectible attachement de ses habitants privilégiés, dans toute leur enrichissante diversité, à y vivre dans un esprit de Concorde et de Paix .