Le socle d’une œuvre, invisible mais essentiel…

Une armure est présentée dans une vitrine, mais aucun chevalier ne la porte. Pour dévoiler ses rouages, une montre est maintenue ouverte par une main invisible. Des statuettes aux pieds minuscules ne flanchent pas. Une céramique aux multiples lacunes est exposée sans qu’elle ne se délite.

Une armure est présentée dans une vitrine, mais aucun chevalier ne la porte. Pour dévoiler ses rouages, une montre est maintenue ouverte par une main invisible. Des statuettes aux pieds minuscules ne flanchent pas. Une céramique aux multiples lacunes est exposée sans qu’elle ne se délite.

Nulle magie derrière ces objets bien sûr, mais des supports faits de métal, de bois et d’huile de coude. Ils sont un des éléments essentiels au discours de l’exposition, sacralisant l’œuvre et dirigeant le regard du visiteur. Cependant, son importance et sa présence ont changé au cours des siècles, le support se faisant aujourd’hui le plus discret possible, voire invisible. Sa réalisation nécessite une étroite collaboration entre les différents acteurs d’une exposition car le socleur doit allier les besoins de la conservation et de la muséographie. De leur côté, les conservateurs-restaurateurs jouent un rôle de relai, grâce à leurs connaissances interdisciplinaires touchant autant à la manipulation qu’aux faiblesses des objets et aux technologies nécessaires au soclage.

Le boitier de la montre est retenu pour montrer le coq. © MAH, photo: M. Daval
Le boitier de la montre est retenu pour montrer la mécanique intérieure. © MAH, photo: M. Daval

L’utilité du support peut se définir en trois points: il met en valeur l’objet en le positionnant dans le sens de lecture choisi par le commissaire d’exposition; il soutient l’objet et compense ses faiblesses structurelles, permettant soit une exposition sans risque, soit un conditionnement en réserve dans des conditions adaptées; enfin, il peut permettre la manipulation de l’objet sans le toucher directement. À noter qu’il remplit parfois aussi un rôle de sûreté et de sécurité face au vol et au choc (accidentel ou volontaire).

Ce support en bois pour une porte d’ascenseur sera utilisé lors de la mise en réserve. © MAH, photo: D. Huguenin
Ce support en bois pour une porte d’ascenseur sera utilisé lors de la mise en réserve. © MAH, photo: D. Huguenin

Si le support se veut le plus discret possible, il doit surtout ne pas altérer l’œuvre qu’il soutient. Ainsi, les bords tranchants ou saillants sont à éviter. La composition des matériaux utilisés pour sa fabrication est examinée et vérifiée par la conservation préventive, afin d’éviter toute dégradation due à une réaction chimique. Enfin, la maximisation de la surface d’appui est recommandée, tout en évitant les zones de fragilité.

La discrétion du socle est toujours recherchée. © MAH, photo: A. Michel
La discrétion du socle est toujours recherchée. © MAH, photo: A. Michel

La réalisation d’un socle peut prendre entre quelques minutes et plusieurs heures selon la complexité de la pièce et sa position. Les matériaux employés sont le plus souvent l’acier, le laiton, le bois et les gaines thermo-rétractables ou le coton non-acide. De nombreuses techniques, outils et machines sont utilisés pour permettre la création de ces supports très souvent uniques et totalement adaptés aux objets qu’ils soutiennent. Au MAH, leur fabrication se fait à l’interne, mais il arrive que de l’aide soit demandée à des mandataires extérieurs pour des expositions de grande envergure.

Réalisation d’un socle par étapes. © MAH, photo: D. Huguenin
Réalisation d’un socle par étapes. © MAH, photo: D. Huguenin

Le support n’a plus rien à prouver de son utilité au sein des institutions muséales. Il fait partie intégrante des outils de la muséographie et de la conservation matérielle de l’œuvre. Et comme l’a si bien dit Sénèque: «L’important n’est pas ce qu’on supporte, mais la façon dont on le supporte.»

Texte rédigé en collaboration avec Gabrielle Mino-Matot, Marion Daval et Aline Michel (collaboratrice extérieure)

2 thoughts on “Le socle d’une œuvre, invisible mais essentiel…

  1. Bonjour,
    Je travail au musée du temps à Besançon et je fais du soclage.
    Ma question est: quel type de gaine pour le soclage d’objets (montres, figurines en terre…)
    Si vous avez une référence et un fournisseur, je suis preneur.
    Merci

    Cordialement

    claude.jalliot@besancon.fr
    Musée du Temps
    96 grande rue
    25000 Besançon

    1. Bonjour,
      Je suis étudiante en conservation-restauration à Neuchâtel et je viens de voir votre question sur le type de gaines que vous pouvez utiliser pour le soclage de figurine en terre et montre.
      On peut utiliser deux type de gaines : des gaines thermo rétractable ou des gaine en silicone. Il en existe de différents diamètres et on peut les trouver chez Angst et Pfister SA.

      Salutations.

      Sofia Labriki

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