La collection contemporaine du MAH
Chaque automne à Genève, une soirée dédiée à la cérémonie du Grand Prix d’horlogerie célèbre le 12e Art, celui qu’incarnent les savoir-faire et la culture de l’horlogerie suisse et internationale. L’exposition des montres présélectionnées pour cette édition 2017 se déploie dans les salles palatines du Musée d’art et d’histoire jusqu’au 12 novembre. Elle s’accompagne de cinq vitrines abritant 26 montres-bracelets contemporaines de la collection du MAH réunies depuis 2004, grâce à la générosité des compétiteurs du Grand Prix d’horlogerie.

Un réseau précieux
Cette double exposition, complétée par une présentation des travaux de maturité 2017 de la HEAD en design horloger, illustre l’une des missions les plus gratifiantes qui incombent aux institutions publiques. L’étroite relation cultivée entre entreprises, artisans et musées est idéale, autant qu’indispensable, pour exposer la création moderne mais aussi pour démontrer combien il est essentiel, au présent, d’enrichir le futur. La politique d’acquisition du MAH en matière d’horlogerie est guidée par une réflexion critique, elle-même fondée sur une vision d’ensemble de l’histoire de l’institution, de ses collections et des lieux qui les ont abritées au fil du temps. Ces vitrines rappellent aussi combien le réseau créé entre industrie, créateurs, collectionneurs et conservateurs se retrouve autour de manifestations communes: expositions, locales ou internationales et distributions de prix sont autant de feux dardés pour la mise en valeur du savoir-faire horloger, héritage culturel et patrimonial répandu autour du globe à la faveur de la mondialisation.

Les montres contemporaines au MAH
Une analyse rapide de cette collection singulière permettra à nos successeurs de lire l’évolution de l’horlogerie durant plus d’une décennie (2004-2017). L’œil distingue d’une part, au chapitre de la décoration, un regain d’intérêt marqué pour les métiers d’art: gravure manuelle, guillochage, décors des platines (grains d’orge, perlage, côtes de Genève…), sertissage (serti mystérieux, pavage…) (fig. 1), émaillerie (miniatures peintes, émaux champlevés, cloisonnés ou paillonnés), marqueteries diverses… Il remarque d’autre part le renouvellement des matériaux (céramique, titane, fibre de carbone et même broderie….) (fig. 2) et leur qualité de légèreté inhérente. Il repère également l’exploitation de modèles iconiques, puisés dans les catalogues anciens (œuvres vintage ou revival) (fig. 3 et 4), le défi relevé de la miniaturisation et de la précision de marche accrue; il s’arrête enfin sur les automates et les sonneries adaptés au format de la montre-bracelet.

Si la technologie électronique est liée à la montre dame ou aux affichages digitaux (mouvement à quartz) (fig. 5), elle peut aussi se lire à travers le dessin ou le décor (gravure au laser) (fig. 6). Et si l’affichage des cadrans se complexifie avec les indications cumulées, il se clarifie grâce au design (fig. 7). De même, le mouvement se met à nu et à vue (fig. 8), les rubis illuminent les platines: à portée du regard de l’amateur, fasciné par les cages de tourbillon compliquées (fig. 9, 10 et 11), les balanciers ou autres roues à colonnes (fig. 12) permettant un accès direct au cœur du garde-temps.

Au même titre que les chefs-d’œuvre des siècles passés, l’horlogerie contemporaine raconte l’histoire de la mesure du temps et participe des discours didactiques et esthétiques générés au sein du musée. Que les créateurs, les artisans et les manufactures soient chaleureusement remerciés pour leur contribution active autant que généreuse à nos missions fondamentales de préservation, de transmission et de délectation.