Achille Murat par François Gérard, un tableau à redécouvrir

Les collections d’art ancien recèlent de belles surprises

Dans le cadre du chantier des collections, le travail mené sur le fonds d’art ancien du Musée d’art et d’histoire permet d’explorer les réserves et d’y découvrir des trésors oubliés. Ainsi ce très joli petit tableau du peintre français François Gérard (fig. 1) a retenu notre attention: il s’agit d’un portrait d’Achille Murat légué à la Ville de Genève par Gustave Revilliod, qui semble ne jamais avoir fait l’objet d’une publication, ni été exposé depuis très longtemps au musée.

Les collections d’art ancien recèlent de belles surprises

Dans le cadre du chantier des collections, le travail mené sur le fonds d’art ancien du Musée d’art et d’histoire permet d’explorer les réserves et d’y découvrir des trésors oubliés. Ainsi ce très joli petit tableau du peintre français François Gérard (fig. 1) a retenu notre attention: il s’agit d’un portrait d’Achille Murat légué à la Ville de Genève par Gustave Revilliod, qui semble ne jamais avoir fait l’objet d’une publication, ni été exposé depuis très longtemps au musée.

Portrait de famille

Portraitiste de l’Empire, élève de Jacques-Louis David, Gérard exécute cette peinture en 1808, comme l’attestent la signature et la date visibles sur le socle. Achille Murat (1801-1847), fils aîné de Caroline Bonaparte Murat, sœur cadette de Napoléon et épouse de Joachim Murat, maréchal de l’Empire et roi de Naples à partir de 1808, est ici représenté debout, les jambes croisées, vêtu de l’uniforme militaire des colonels des grenadiers.

Fig. 1. François Gérard, Portrait d’Achille Murat, 1808
Huile sur panneau, 46 x 37 cm ©MAH, inv. CR 0064

À l’arrière-plan figure le palais parisien de l’Élysée, ancienne résidence de la Marquise de Pompadour acquise par les Murat en 1805 et où ils vécurent de 1806 à 1808. La pose, la physionomie et le costume de l’enfant sont les mêmes que ceux adoptés dans le portrait familial que Gérard dressa de Caroline entourée de sa progéniture (fig. 2).

Fig. 2. François Gérard, Portrait de Sa Majesté la Reine de Naples, avec les deux princes et les deux princesses ses enfants, 1808. Huile sur toile, 217,5 cm x 170,5 cm.
Fontainebleau, Musée national du château de Fontainebleau, inv. MM 73 11

Hommage à Canova

Dans le tableau du MAH, Achille est accoudé à un socle accueillant un buste de sa mère. Ce portrait sculpté de Caroline, habillée dans le goût antique et parée d’un peigne, accessoire fréquent dans les coiffures féminines de l’époque, offre une image idéalisée de la reine de Naples. Il reprend un modèle en marbre réalisé par un artiste de l’entourage d’Antonio Canova, dont il existe quelques variantes. Férue d’art et de culture, Caroline possédait plusieurs œuvres de Canova, en particulier les célèbres groupes, achetés par son époux, Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (1793) et L’Amour et Psyché (1797), qui passèrent des collections impériales à celles du Louvre. Gérard s’empara également du thème, dans Psyché et l’Amour (1798) qui présente un même mélange de grâce, de froideur et de sensualité (fig. 3).

Fig. 3 François Gérard, Psyché et l’Amour, 1798
Huile sur toile, 186 x 132 cm. Paris, musée du Louvre, inv. 4739

Conformément à une tradition picturale qui consiste à introduire aux côtés de figures des portraits sculptés de personnes aimées, la présence du buste de Caroline manifeste le lien filial entre la mère et l’aîné de ses enfants, son «préféré» selon les sources du temps. Elle témoigne également des parentés artistiques entre Gérard et le sculpteur Canova, originaire de Possagno (Vénétie).

Outre que la qualité picturale de ce panneau mérite d’être relevée et offerte à l’appréciation du public, sortir ce tableau de l’ombre permettra aussi de répondre à certaines interrogations restées en suspens parmi les historiens de l’art. Il existe en effet d’autres versions de cette peinture, qui ne sont pas signées. L’une d’elles, au Palais de Caserte à Naples, fait partie d’un ensemble de quatre portraits de mêmes dimensions représentant les enfants de la reine de Naples. Réalisés en 1811, ils sont dus à la main de Benjamin Rolland, un élève de Jacques-Louis David. Alors que les portraits de Lucien, Louise et Laetitia sont signés de Rolland, celui d’Achille ne l’est pas. Cette différence s’explique désormais, puisque la composition n’est pas de son invention mais qu’elle reprend le tableau antérieur, de 1808, qui est au Musée d’art et d’histoire.

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