Jean-Luc Chappaz

Conservateur en chef

Jean-Luc Chappaz est égyptologue, conservateur en charge des collections égyptiennes pharaoniques et du Soudan ancien des MAH depuis 2003. En 2012, il a été nommé conservateur en chef du département d’archéologie.

Un don de l’Egypte à la Suisse

L’arrivée du cercueil de Chedkhonsou à Genève

Peu après l’effondrement du Nouvel Empire, la Vallée des Rois fut la proie des pillards. Soucieux de préserver le repos éternel des vénérables pharaons qui y avaient été ensevelis, les grands prêtres d’Amon du Xe siècle av. J.-C. firent transporter dans une cachette située près de Deir el-Bahari les momies – certaines restaurées à la hâte – et les dépouilles du mobilier funéraire des anciens maîtres du pays. Pour leurs propres funérailles, les grands prêtres se réservèrent des places privilégiées aux côtés de ces illustres ancêtres. Cette première cachette fut révélée en 1881, à la suite de dissensions familiales entre les fouilleurs clandestins qui en avaient commencé l’exploitation. Évacué plus que fouillé, l’abondant matériel récupéré enrichit le musée de la capitale égyptienne, qui vendit de petites pièces aux amateurs.

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Droit dans les yeux: à propos de la statuaire égyptienne

De l’art égyptien pharaonique

En marge de l’exposition Rodin. L’accident. L’aléatoire – artiste dont l’intérêt pour la sculpture antique est bien connu –, il a paru intéressant de présenter quatre temps de la statuaire ancienne qui nous permettent d’approcher les collections conservées au Musée d’art et d’histoire. Après l’Égypte suivront les points de vue de l’art grec, de l’art romain ainsi que celui de la numismatique.

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Histoire des collections: l’apport d’Édouard et de Marguerite Naville

Enrichissement des collections

Les travaux des archéologues Édouard et Marguerite Naville – dont les Musées d’art et d’histoire conservent d’importantes archives – servent de fil rouge à l’exposition Corps et esprits. Regards croisés sur la Méditerranée antique. Dès la seconde moitié du XIXe siècle, ils ont jetés les bases de l’étude de religions anciennes, notamment égyptienne, en publiant des textes fondamentaux, dont le Livre des Morts, avant d’entreprendre des fouilles de grande ampleur, puis de définir par l’exemple les standards de qualité de l’édition de monuments par leur publication magistrale du temple d’Hatchepsout à Deir el-Bahari. Ce faisant, ils ont largement orienté notre compréhension contemporaine de l’histoire, de la spiritualité, de l’art de vivre ou de l’esthétique des civilisations antiques.

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Le jugement des morts du papyrus de Taouat

Le papyrus de Taouat, alias Asetouret, est un recueil de formules religieuses et magiques destiné à faciliter à sa propriétaire l’accès à l’au-delà, monde complexe que l’imaginaire égyptien ne cessa d’enrichir durant plus de trois mille ans.  L’une de ses vignettes représente le jugement des morts (pesée du cœur), à l’issue duquel la défunte est admise à parcourir éternellement les chemins de l’au-delà, ou définitivement anéantie dans l’estomac d’un être monstrueux, «la Dévoreuse», qui guette sa proie à côté de la Balance.

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Quand l’union fait la force: mille tablettes cunéiformes accessibles à tous

En 1938, le Musée d’art et d’histoire acquérait près d’un millier de documents cunéiformes collectés par l’assyriologue genevois Alfred Boissier (1867-1945), éminent spécialiste de la divination et de la mantique proche-orientale anciennes auxquelles il consacra trois importants ouvrages. Cet ensemble varié (des tablettes pour l’essentiel), tant par ses contenus que ses provenances ou sa situation chronologique, fut classé, étudié et catalogué par Edmond Sollberger (1920 -1989), directeur ad interim du MAH dès 1959 – avant de poursuivre une brillante carrière au British Museum à partir de 1961. Parallèlement, quelques monographies sur des thèmes particuliers virent le jour – telles les contributions d’Émile Szlechter (1904-1995) réunissant les textes de portée juridique –, mais elles n’ont fait qu’effleurer la richesse de la collection. L’inventaire, progressivement mis à jour par les différents conservateurs en charge des collections archéologiques, fut intégré dans la base de données informatisée de l’institution. Aujourd’hui encore, les étudiants de l’unité d’assyriologie de l’Université de Genève en poursuivent l’étude sous la direction attentive du professeur Antoine Cavigneaux.

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