Une armoire Art Déco à découvrir dans les salles
À la suite de son séjour dans l’atelier de conservation-restauration du mobilier du Musée d’art et d’histoire (MAH), un nouveau meuble intègre la collection permanente. C’est dans la salle dédiée aux styles Art Nouveau et Art Déco, au rez-de-chaussée du MAH, qu’il est désormais possible d’admirer cette armoire. Une salle qui rassemble donc des objets datés autour de 1900, provenant des écoles de Vienne, Paris et Genève.
Provenance de l’armoire
Arrivé au MAH au mois de mai 2012 par le biais d’une donation de Mme France Collet, ce meuble est l’œuvre d’Edouard Collet (1876-1961), son beau-père. Sculpteur et ébéniste à Genève, Edouard Collet a dirigé la section de sculpture sur bois à l’École des arts industriels de Genève. Il a notamment eu comme élève Robert Hainard, fameux artiste animalier et naturaliste genevois, qui suivit cette formation durant quatre ans (1922-26).
La date exacte de fabrication de l’armoire n’est pas connue, mais on sait qu’elle a été présentée en 1925 à Paris, à l’Exposition internationales des arts décoratifs et industriels modernes.
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État de conservation
L’état général du meuble est assez bon, malgré une utilisation domestique de près d’un siècle. La structure du bâti n’a pas subi de contraintes particulières. La face et les côtés sculptés sont des appliques de panneaux épais en bois exotique rougeâtre non identifié, non verni et en parfait état. La base et la porte sont recouvertes de placage non identifié teinté en noir et verni. Les éléments métalliques visibles (charnières, poignée de porte, sabots sur lesquels repose le meuble) sont recouverts d’un enduit noir très lacunaire.
En matière de restauration, la porte pose problème: elle est voilée et il n’est plus possible de la fermer sans créer une tension trop importante au niveau de l’accroche de la serrure. Sa surface a un aspect très «laiteux» alors qu’il devrait être foncé comme la base.
Restauration
De manière générale, le travail de restauration vise à conserver au mieux l’aspect actuel du meuble – qui semble ici très proche de celui d’origine. Cependant, les éléments métalliques doivent retrouver leur aspect premier, car ils ont vraisemblablement été recouverts tardivement d’une peinture noire. Après étude, il s’avère qu’ils sont constitués de laiton nickelé, donc d’une couleur argentée qui devait être voulue à l’origine.
Le dévoilage de la porte, quant à lui, ne peut être entrepris sans des opérations invasives, incompatibles avec l’éthique de conservation suivie. Il faut donc résoudre le problème par le repositionnement de l’une des deux charnières afin de réduire la tension au niveau de l’accroche de la serrure. Une nouvelle gâche en laiton, plus résistante, doit aussi être intégrée dans le montant pour résister à la pression du pêne.
La surface de la porte, ayant probablement subi une très forte exposition à la lumière, doit également être restaurée: par l’application d’une solution d’alcool et de sangayol, le vernis est régénéré. Cette opération lui redonne ainsi un aspect relativement foncé sans enlever la teinte et le vernis existants et sans lui conférer un aspect «trop neuf». Une légère couche de gomme-laque est appliquée au tampon pour uniformiser la surface. Le restant de peinture noire sur les parties métalliques est ensuite enlevé mécaniquement, car aucun solvant ne le dilue. Enfin, la base du meuble est nettoyée avec un chiffon humide afin d’enlever de multiples éclaboussures, probablement occasionnées lors du nettoyage des sols.