Une exposition à la portée des classes de primaire
«Soudain, le chevalier se saisit de son immense épée et d’un coup vif et tranchant transperça la cotte de maille de son ennemi, sous les yeux ébahis de la princesse Aurore qui regardait la scène du haut de son château…» Qui n’a pas rêvé aux aventures de ces chevaliers sans peur et sans reproches, chevauchant leurs destriers pour aller de château en château? Des contes de fées au succès de Star Wars ou de Game of Thrones, les chevaliers peuplent l’imaginaire des petits comme des grands.
S’il est facile de se plonger dans cet imaginaire avec plaisir, il peut être en revanche plus ardu de démêler l’historique du mythe et de retrouver les «vrais» chevaliers du Moyen Âge dans la région, tels ceux évoqués dans l’exposition Châteaux Forts et Chevaliers. Genève et la Savoie au XIVe siècle actuellement au Musée d’art et d’histoire. Afin d’y parvenir, les nouveaux moyens d’enseignement destinés aux cycles I et II en Suisse romande offrent de nombreuses clés. Pour les 3P-4P, la séquence Princes et princesses invite à réfléchir à la différence entre fiction et réalité. Pour les 7P, les différents modules d’enseignement autour du Moyen Âge dirigent ce questionnement très précisément autour de documents, de sources et d’une riche iconographie.
Rencontres avec les acteurs et les objets du XIVe siècle
Munis de ces outils, et après en avoir exploré plusieurs aspects en classe, les enfants sont invités à venir découvrir ces chevaliers au musée. Rien ne remplace la rencontre avec les objets authentiques et l’exposition Châteaux Forts et Chevaliers permet de les appréhender concrètement. Elle s’articule autour de peintures murales exceptionnelles provenant d’un château savoyard qui ont été retirées des murs pour être préservées et présentées au public.

«Quels sont les acteurs (individuels ou collectifs), les héros (réels ou légendaires), les événements qui ont marqué cette époque? Pourquoi ? Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui ne l’est pas ? » (Plan d’Etudes Romand (PER), Histoire, Mythes et réalité)
Grâce à ces peintures qui racontent l’histoire d’un chevalier, on se retrouve au cœur des enjeux du Moyen Âge. On peut mettre en lumière une organisation sociale différente de la nôtre. On y découvre une société hiérarchisée, dont seuls «ceux qui protègent» sont présentés dans l’exposition. Les paysans, artisans et autres membres du clergé sont totalement absents. En revanche, on y rencontre un roi, Charlemagne, une duchesse et un écuyer qui devient chevalier. Ils sont représentés dans leur vie quotidienne: la bataille, les banquets, la chasse, l’adoubement – cérémonie qui marque l’accession à la chevalerie – et même… la nuit de noces!
Ces peintures de la vie médiévale racontent une histoire légendaire, une chanson de geste intitulée Girart de Vienne et rédigée en 1180 par Bertrand de Bar-sur-Aube. Par la suite, l’exposition donne à rencontrer Othon Ier, chevalier extraordinaire originaire du pays de Vaud qui deviendra ami du roi d’Angleterre et dirigera ses troupes lors de la dernière croisade et la chute de Saint Jean d’Acre. Lui n’est pas légendaire mais bien réel! Il témoigne du fait qu’il y a eu de vrais chevaliers au destin hors du commun dans notre propre région.

Que reste-t-il aujourd’hui de cette période? Sur quoi se base-t-on pour la comprendre? Qu’en a-t-on gardé? (PER, Histoire, Traces et mémoire)
Auprès de ces peintures, l’exposition met en lumière des manuscrits qui témoignent d’une transmission écrite ou des objets de vie de cour qui ont été manipulés par des chevaliers.
Quant aux armes et aux équipements présentés, ils peuvent aussi surprendre. Lorsque l’on évoque le chevalier, l’image d’un homme équipé d’une armure complète s’impose. Or, cette image correspond à la fin du Moyen Âge, voire aux XVIe-XVIIe siècles, comme les armes et armures exposées dans la salle des Armures du musée. Pour la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle, les chevaliers sont avant tout équipés de cotte de maille auxquelles s’ajoutent des protections spécifiques pour la tête ainsi que des boucliers. Les exemplaires de cet équipement défensif, tout comme les épées et autres dagues parvenus jusqu’à nous, ne sont pas nombreux et ce sont ces quelques rares éléments qui sont ici présentés.

La dernière section donne à voir trois sites de châteaux visitables aujourd’hui, bien qu’ils ne subsistent que sous la forme de ruines. Le site du château de Rouelbeau, sur la commune de Meinier, a fait l’objet d’une mise en valeur inaugurée cet automne. Celui des Allinges, au-dessus de Thonon, présente deux châteaux à 130 mètres seulement de distance qui furent ennemis et se combattirent. Enfin, souvent oubliée, la Maison Tavel est contemporaine de ces autres sites et peut faire l’objet d’une visite après l’exposition. Ce petit château au cœur de la ville,s’est conservé car sa fonction d’habitation a perduré en dépit de l’abandon de ses fonctions défensives et symboliques médiévales.
Comment se préparer à la visite?
Un dossier contenant les textes de l’audioguide, ceux des panneaux de salles ainsi que plusieurs fiches autour des thèmes clés, est téléchargeable depuis notre site internet. Il est possible d’écouter l’audioguide grâce à l’application izi.TRAVEL depuis chez soi ou dans l’exposition. En outre, une application-jeu pour les enfants qui visitent l’exposition en famille est disponible sur smartphone gratuitement. Enfin, de nombreux rendez-vous dans l’exposition, conférences, contes et démonstrations donnent à entendre ou à voir ces chevaliers en action.