Changement de direction au Musée d’art et d’histoire
Après dix années passées à la direction du Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève, Jean-Yves Marin quitte ses fonctions le 1er novembre prochain. En plein accord avec le Département de la Culture et du Sport de la Ville de Genève, il a estimé que le moment était venu de passer le flambeau et de laisser à son successeur, Marc-Olivier Wahler, le défi de mener à bien le chantier d’agrandissement et de restauration du musée.
Depuis 2010, année de son centenaire, le musée a connu une mutation fondamentale. Lieu de mémoire, de sciences et d’études au service des professionnels et des amateurs d’art et d’histoire, le MAH, sans s’éloigner de sa vocation initiale, est devenu un équipement culturel ouvert à tous les publics, au service de la société.
Au cours de la dernière décennie, l’action du musée a suivi les principales orientations suivantes:
Un musée pour tous
Ce n’est pas uniquement un slogan mais un concept et une réalité qui font du MAH un lieu de rencontres et de mixité sociale, à l’intérieur duquel les œuvres rassemblent les publics. Le musée est là pour émerveiller, enchanter et faire réfléchir. Sa fonction constante est de diffuser et partager les savoirs et les connaissances par le truchement d’une programmation d’activités et de médiation culturelle et éducative. Cette politique muséale se construit notamment par des événements populaires, tels les Afterworks ou Des vacances qui donnent la patate.
La démocratisation des contenus scientifiques et muséologiques, la tenue de manifestations destinées aux communautés scientifiques et universitaires, tel le colloque Musées du XXIe siècle, offrent des espaces de débat. La mise en ligne des collections – travail titanesque – et l’édition d’ouvrages de qualité garantissent par ailleurs la cohésion de l’ensemble.
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Une politique d’expositions qui valorise les collections du MAH
Elle s’est construite par de grandes expositions montrant le cœur des collections (l’horlogerie; Byzance), présentant les artistes phares du musée (Camille Corot ou Ferdinand Hodler), des enrichissements majeurs (Le Panorama des Alpes de Gustave Courbet…) et encore par des collaborations internationales (Fascination du Liban, César et le Rhône, Rodin. L’accident. L’aléatoire). La Maison Tavel et le Cabinet d’arts graphiques ont, pour leur part, poursuivi une politique originale d’expositions en adéquation avec leur identité.
Une action volontariste de prêts, tant en Suisse que dans le monde, ainsi que des expositions réalisées par le musée pour être présentées à l’étranger (horlogerie à Pékin, peinture hollandaise en Catalogne) ont permis de montrer la richesse du MAH auprès de publics lointains.
Enfin, un travail de conservation-restauration considérable a accompagné tous ces mouvements de collections pour en garantir la pérennité.
La muséologie au cœur de l’action
Né d’une collection d’objets d’histoire et d’œuvres d’art, le MAH a lentement construit les fondements théoriques, scientifiques et techniques indispensables à son rayonnement. Étape majeure, la professionnalisation des métiers du musée encourage l’exploration du champ muséal afin de mettre en avant son caractère interdisciplinaire. Le musée a participé à l’enseignement des métiers spécifiques au service des œuvres et du public, soutenu des manifestations à caractère expérimental (Muséomix, MuseumNext) et accueilli un grand nombre de stagiaires et d’apprentis.
La déontologie professionnelle, telle que définie par le Conseil International des Musées (ICOM), a été un guide au quotidien. Elle implique, en particulier, le soutien de l’action internationale de protection des biens culturels et la lutte contre le trafic illicite des œuvres d’art.
La modernisation de l’institution
Dès 2010, il a été nécessaire de développer un plan de gestion et de management du MAH, préalable à sa rénovation et à son agrandissement. Pour cela, de profondes modifications structurelles ont été réalisées afin de gagner en transversalité et de favoriser la mobilité des équipes. Un rééquilibrage du personnel et des moyens a lentement été effectué pour répondre au mieux aux trois missions d’un musée: patrimoniale, culturelle et de gestion.
La création d’une vaste réserve pour abriter les collections municipales et la mise en œuvre progressive d’un plan de protection des biens culturels, dont malheureusement l’actualité a montré la pertinence, participent d’une meilleure conservation des collections.
L’avènement du numérique a impliqué de nouvelles procédures en matière de gestion, particulièrement en ce qui concerne l’inventaire et les mouvements d’œuvres. Il a également permis d’imaginer et de concevoir une nouvelle forme de communication, notamment par le biais des réseaux sociaux, pour renforcer l’identité du musée auprès du public. La recherche de partenariats publics-privés et de mécénat s’est professionnalisée pour répondre à de nouveaux défis et conforter la place du MAH dans le quotidien de la cité.
Cette décennie, qui se termine par un consensus sur la nécessité d’une rénovation, aura été mise à profit pour montrer au public genevois et international la richesse du Musée d’art et d’histoire et le savoir-faire de ses équipes.