Une approche des collections du musée par les travaux pratiques
Provoquer la rencontre, une rencontre, entre le musée et le visiteur est l’une des missions de la médiation culturelle. Et les formes que celle-ci peut prendre sont très variées: visite commentée traditionnelle, visite audioguidée, feuille explicative, programmation autour des collections de musique, danse, conférence… Le visiteur peut aussi être encouragé à mettre la main à la pâte, pour se plonger au sens propre comme au sens figuré dans les collections ou dans l’une des expositions des Musées d’art et d’histoire.
Si vous êtes venus vous promener durant les vacances de février au musée, il se peut que vous soyez tombés sur un groupe d’enfants en tablier, très concentrés sur leur bricolage et les mains barbouillées de peinture. Dans le cadre de l’exposition Châteaux forts et chevaliers qui s’est achevée le 19 février dernier au MAH, nous proposions en effet un atelier autour des blasons.
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De la théorie à la pratique
L’atelier, programmé tout un après-midi, commence par une petite introduction à l’héraldique: les couleurs, les formes, les règles et les codes des blasons. Puis nous partons à leur recherche dans l’exposition, où nous trouvons les premiers exemples dans les peintures murales du Château de Cruet, qui racontent la vie du chevalier Girart de Vienne et de son conflit avec Charlemagne. Des blasons sont visibles dans deux scènes: le combat singulier entre Olivier, neveu de Girart, et Roland, neveu de Charlemagne, pour mettre fin à la guerre, et sur les tentes du campement des troupes de Charlemagne. Là, certains enfants arrivent même à identifier un drapeau familier: celui de Savoie. En avançant dans les salles, ils découvrent que les blasons sont présents sur des objets très différents; sur des écus de chevaliers bien sûr, de taille réelle ou représentés sur des enluminures, des sceaux et sur le gisant d’Othon Ier de Grandson, mais aussi sur des cottes d’armes, des coffrets de mariages et même des grelots permettant de localiser les oiseaux lors de parties de chasse au vol.
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En sortant de l’exposition, sur le chemin menant à la salle des Armures où se tient l’atelier, les jeunes visiteurs remarquent des armoiries partout et sous toutes les formes: celles de Genève sont moulées sur le plafond du hall d’entrée, et sont visibles sous forme de vitrail; des versions décoratives se retrouvent également dans les embrasures des fenêtres de la salle des Armures. Et nous évoquons bien sûr celles que nous connaissons déjà, des pays aux équipes de football.
C’est ensuite aux enfants d’imaginer leurs propres armoiries. Selon la loi, chacun est libre de posséder et d’inventer son propre blason, à condition qu’il n’existe pas déjà à l’identique. Cet après-midi, nous sommes plus souples, les enfants peuvent laisser libre cours à leur imagination ou s’inspirer, voire copier, des exemples existants.
De la pratique à la théorie
Pour inventer puis réaliser son blason personnel, il faut d’abord choisir couleurs et de leurs partitions. La lecture héraldique des armes commence elle aussi toujours par le fond, avant celle des meubles (ou figures). En attendant que la peinture sèche, nous prenons un goûter dans la cour du musée. Au retour, il faut choisir le ou les meubles et, petit à petit, les blasons prennent leur aspect final.

En un après-midi, ces enfants, âgés de 6 à 11 ans, sont devenus «experts» d’une science si complexe qu’elle est enseignée à l’université. Mais grâce au plaisir de faire, d’inventer, de peindre, de découper et de coller, apprendre devient un plaisir! Encore plus quand on repart chez soi les mains pleines…