Des chitons aux fraises: une découverte du musée par le costume

En deux temps

Des enfants se drapant dans un pan de lin en salle des Antiquités grecques, d’autres essayant une fraise sous le regard de l’archiduc Albert à l’étage des beaux-arts: une visite au Musée d’art et d’histoire peut prendre des formes totalement inattendues. C’est en tout cas le pari lancé il y a quelques années par Murielle Brunschwig et Raphaëlle Renken du secteur de la Médiation culturelle, en partenariat avec le programme École & Culture du Département de l’instruction publique, de la culture et des sports.

Des enfants se drapant dans un pan de lin en salle des Antiquités grecques, d’autres essayant une fraise sous le regard de l’archiduc Albert à l’étage des beaux-arts: une visite au Musée d’art et d’histoire peut prendre des formes totalement inattendues. C’est en tout cas le pari lancé il y a quelques années par Murielle Brunschwig et Raphaëlle Renken du secteur de la Médiation culturelle, en partenariat avec le programme École & Culture du Département de l’instruction publique, de la culture et des sports.

À l’origine, l’envie des médiatrices de proposer une approche moins traditionnelle des collections a trouvé un écho chez des maîtres spécialistes du domaine du textile. De cette rencontre est née l’idée d’une visite-atelier participative, qui aborde la question du port du vêtement, des contraintes et des modes à travers le temps. La proposition s’est articulée autour d’un parcours d’1h30 au musée permettant aux enfants de découvrir l’histoire du costume par l’observation et l’essayage, suivi d’une journée dans les écoles pour l’expérimentation concrète.

Devant Nicolas de Largillière, un enfant pose, perruque sur la tête. © MAH, photo: A. El Khatib

En deux temps

Le moment au musée commence dans les collections antiques, en salles grecque et romaine, autour de la statuaire. Les statues sont observées avec beaucoup d’attention pour comprendre comment le vêtement est drapé et, par la suite, porté. Les questions d’attaches, de couches, de matières et les attitudes sociales sont abordées. Vient ensuite le temps de l’essayage. À l’aide de grands pans de drap, on alterne les matières, manipule les épingles d’alors – les fibules –, ajoute une ceinture, fait bouffer le tissu, sans couper ni coudre, avec comme modèles Aphrodite ou Sérapis.

On grimpe ensuite les volées d’escaliers pour arriver dans les collections de peinture, direction la Renaissance. C’est la naissance du système de la mode et les dictats sont extravagants! Fraise qui ceint le cou, perruque masculine à frisons et paniers pour les femmes redessinent la silhouette dans un geste théâtral. L’essayage vient appuyer les observations des œuvres et permet, grâce à ce fil rouge thématique, de se frayer un chemin dans une collection impressionnante. On parcourt les siècles en compagnie du costume et, partant, on découvre des esthétiques picturales. On passe de surprise en surprise et l’impatience grandit. Les éléments de costume sont habilement réalisés par Mireille Dessingy. La costumière a imaginé des éléments aériens, avec des matériaux contemporains, mais dont les formes et la contrainte sont parfaitement représentatifs des modèles historiques. Diderot et les belles anglaises peintes par Hogarth et Lawrence sonnent le glas du grand spectacle en prônant le naturel et… le retour à l’Antiquité.
La boucle est bouclée, les élèves pointent les drapés blancs, les sandales et les coiffures et, avec une facilité déconcertante, réfèrent à la statuaire antique découverte en début de parcours. Le pari est gagné du côté musée; les élèves, eux, s’embarquent dans la seconde partie de l’aventure.

À l’époque de Liotard, différents tissus sont superposés. © MAH, photo: A. El Khatib

En atelier

Animée par deux enseignantes maîtresses spécialistes, Martine Froidevaux et Pascale Sossauer, la journée en atelier permet d’élargir la problématique et de mettre les enfants en situation de création. La matinée est consacrée à des jeux et des expériences pour approfondir l’histoire des matières et du costume. L’après-midi, les enfants créent des vêtements sur de petits mannequins et réalisent d’incroyables chapeaux sur des tableaux en relief. Ils repartent alors de cette journée riches de nouvelles expériences créatives.

Création d’un vêtement sur un petit mannequin, © MAH, photo: M. Froidevaux

Souvent choisie par des classes de 8P, cette visite-atelier permet aux pré-ados d’aborder un thème qui les intéresse, le vêtement et la mode, tout en le liant aux périodes étudiées en histoire, ainsi qu’à des aspects techniques du domaine des textiles et des arts visuels. C’est aussi l’occasion d’une prise de recul par rapport à la mode, ses contraintes et ses codes. Pluridisciplinaire, la visite prend donc une place particulière dans le parcours culturel de la classe.

Les chapeaux extravagants sortis de l’atelier, © MAH, photo: P. Sossauer

Hors du cadre scolaire, cette approche originale de nos collections est également déclinée pour les familles lors de «mercredi family» ou de visites pour les maisons de quartier. S’habiller comme la déesse Aphrodite ou comme un duc fait toujours autant rêver!

Texte écrit en collaboration avec Raphaëlle Renken

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