Du nouveau dans la salle des Armures

Un patrimoine à (re)découvrir !

Après avoir accueilli, dans le cadre du centenaire de la mort de Ferdinand Hodler (1853-1918), un accrochage sur le thème du guerrier suisse, la salle des Armures fait l’objet d’aménagements qui rafraîchissent l’écrin historique de la collection d’armes anciennes. Le plus genevois des peintres suisses y reste à l’honneur, puisque c’est désormais l’une de ses toiles qui reçoit le visiteur: un monumental Guerrier à la hallebarde de la série des vingt-six «figures de Suisses» réalisées par Hodler pour l’Exposition nationale de 1896 à Genève. Quant au carton préparatoire pour La Bataille de Morat, ultime œuvre historique à laquelle l’artiste ait travaillé entre 1915 et 1918, il bénéficie d’un emplacement à sa mesure, au-dessus de la porte conduisant à la salle d’honneur de Zizers. La représentation de cette retentissante victoire helvétique renoue ainsi, d’une certaine façon, avec sa destination d’origine, puisqu’elle devait prendre place dans la salle d’armes du Musée national suisse à Zurich, face à la fresque de La Retraite de Marignan1.

Un patrimoine à (re)découvrir !

Après avoir accueilli, dans le cadre du centenaire de la mort de Ferdinand Hodler (1853-1918), un accrochage sur le thème du guerrier suisse, la salle des Armures fait l’objet d’aménagements qui rafraîchissent l’écrin historique de la collection d’armes anciennes. Le plus genevois des peintres suisses y reste à l’honneur, puisque c’est désormais l’une de ses toiles qui reçoit le visiteur: un monumental Guerrier à la hallebarde de la série des vingt-six «figures de Suisses» réalisées par Hodler pour l’Exposition nationale de 1896 à Genève. Quant au carton préparatoire pour La Bataille de Morat, ultime œuvre historique à laquelle l’artiste ait travaillé entre 1915 et 1918, il bénéficie d’un emplacement à sa mesure, au-dessus de la porte conduisant à la salle d’honneur de Zizers. La représentation de cette retentissante victoire helvétique renoue ainsi, d’une certaine façon, avec sa destination d’origine, puisqu’elle devait prendre place dans la salle d’armes du Musée national suisse à Zurich, face à la fresque de La Retraite de Marignan1.

Cette série d’armes datant du XVe au XVIIIe siècle donne un aperçu de la variété de la collection d’armes d’hast du MAH, qui compte quelque quatre cents pièces. © MAH, photo: F. Bevilacqua

De nouveaux outils de médiation

S’inscrivant dans un processus commun à l’ensemble de l’institution, une offre de médiation élargie met à disposition du public différents supports d’accompagnement à la visite. Deux panneaux explicatifs bilingues (français-anglais) apportent respectivement un éclairage sur l’histoire de la collection d’armures et d’armes anciennes et sur l’Escalade, la fameuse tentative manquée du duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie de s’emparer de Genève par surprise en escaladant ses murailles dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602. L’un des pôles d’attraction de la salle est en effet constitué par les armes et le matériel militaire rattachés à cet épisode clé de l’histoire locale, dont la commémoration annuelle est l’un des moments forts du calendrier genevois. Ce dispositif est complété par un livret illustré qui propose un parcours à travers la salle des Armures par le biais d’une sélection d’une vingtaine de pièces. De courtes notices permettent à chacun, selon ses intérêts, d’en apprendre davantage sur les œuvres choisies, mises en exergue pour leur valeur patrimoniale, leur intérêt historique ou encore la qualité artistique de leurs décors.  En ce qui concerne l’Escalade, rappelons enfin le film réalisé l’année dernière, qui, donnant la parole aux protagonistes de l’époque, permet de s’immerger dans le contexte de l’assaut savoyard de 1602.

Partie antérieure d’une brigandine, Milan, vers 1480.
Acier, laiton, toile, H. 58 cm env. © MAH, photo: F. Bevilacqua, inv. F 30. 
Vestiges de l’armement du Guet de Genève (vigiles affectés à la surveillance nocturne de la cité), les brigandines de la seconde moitié du XVe siècle provenant de l’ancien Arsenal de Genève constituent un ensemble particulièrement remarquable.
Poire à poudre, Allemagne, 1586.
Bois de cerf poli et ciselé, laiton, H. 20,5 cm. Don d’Anna Sarasin, 1903 © MAH, photo: F. Bevilacqua, inv. AD 8224. Inspiration mythologique pour cette poire à poudre illustrant le mythe de Léda, séduite par Zeus métamorphosé en cygne.
Colletin (partie antérieure), Italie, vers 1617-1618. Cuivre repoussé, ciselé et doré, cuir, velours, H. 30 cm. Don de MM. Menzel et Maunoir à l’État de Genève, 1823 © MAH, photo: F. Bevilacqua, inv. D 101 C’est le peintre et graveur florentin Antonio Tempesta (1555-1630) qui a fourni le modèle de la chasse au lion ornant ce colletin de parade.

L’Escalade à l’honneur

C’est d’ailleurs sur la section dévolue à l’Escalade qu’a porté l’essentiel des interventions scénographiques2. Agrandi et repensé pour une meilleure lisibilité, cet espace, introduit par l’impressionnant ensemble de pistolets à rouet témoignant des conflits entre Genève et la Savoie dans la seconde moitié du XVIe siècle, se déploie le long de la paroi donnant sur le boulevard Helvétique et dans les deux vitrines encadrant la porte de Zizers. Le portrait de l’instigateur de l’attaque, le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie, y trouve la place centrale qui lui revient, tandis que l’apport iconographique est renforcé par le retour après restauration de l’une des plus belles représentations anciennes de l’épisode, le vitrail de l’Escalade. Cette évocation est complétée par un autre témoignage figuré du premier quart du XVIIe siècle, une petite huile sur cuivre qui livre une vue de l’événement aux effets nocturnes très évocateurs.

Vue de l’espace dédié à l’Escalade, juin 2019 © MAH, photo: F. Bevilacqua
Anonyme, Genève ?, L’Escalade, 1er quart du XVIIe siècle.
Huile sur cuivre, 11 x 14.3 cm © MAH, photo: Bettina Jacot-Descombes, inv. 19174

Parmi les pièces sorties des réserves pour l’occasion, un pétard du début du XVIIe siècle  est présenté avec son madrier, forte planche de bois qui lui servait de support et étendait son effet sur une plus grande surface. L’assemblage (moderne) de ces deux éléments permet de mieux visualiser le fonctionnement de cet engin explosif dont les Savoyards avaient emporté plusieurs exemplaires pour faire sauter les portes de la ville. Enfin, une série de casques du temps de l’Escalade témoigne de la diversité des couvre-chefs militaires alors en usage. Ils accompagnent une vue de la salle des Armures telle qu’elle se présentait vers 1920: autour du trophée des échelles de l’Escalade alors érigé au centre de la salle, le visiteur peut reconnaître certaines pièces emblématiques, telles que la couleuvrine du bastion de l’Oie, l’armure dite du pétardier Picot ou encore les armures noires de cuirassier avec leurs fameux casques à masque aujourd’hui connus sous le nom d’«armets savoyards». On remarque également – autre temps, autres mœurs! – que des casques similaires à ceux présentés ici étaient utilisés, selon un usage hérité de l’ancien Arsenal, comme éléments de décor le long de la partie supérieure des arcatures.

Bourguignottes, morions et cabassets du derniers tiers du XVIe siècle provenant du fonds de l’ancien Arsenal  © MAH, photo: F. Bevilacqua

 

  1. Le dernier carton préparatoire de cette œuvre est présenté dans l’escalier d’honneur du MAH.
  2. La scénographie de ces aménagements a été confiée à Philippa Kundig.

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