heart@geneva à la Maison Tavel

Les œuvres d’aujourd’hui répondent aux questions de toujours

Du 19 juin au 31 août 2019, la Maison Tavel accueille deux installations contemporaines dans le cadre du parcours artistique heart@geneva.

Les œuvres d’aujourd’hui répondent aux questions de toujours

Du 19 juin au 31 août 2019, la Maison Tavel accueille deux installations contemporaines dans le cadre du parcours artistique heart@geneva.

Plus ancienne demeure genevoise conservée, la Maison Tavel est devenue lieu patrimonial à travers son architecture, son passé et, depuis 1986, sa fonction de musée dédié à l’histoire quotidienne et urbaine de la ville. Le parcours heart@geneva propose à son large public, très cosmopolite, des interventions d’artistes qui mettent en évidence ce qui donne à ce lieu son identité. Dans l’œuvre de Sandrine Damour, Genève est évoquée à travers les traces de son occupation et de son territoire changeant, des réseaux qui l’animent et la font vivre. Séverin Guelpa a lui choisi de nous faire réfléchir et de nous surprendre avec ses Larmes d’acier, symboles de ces gouttes d’une eau essentielle à la vie, en écho à l’importante citerne redécouverte lors des travaux de restauration de la demeure historique.

Swiss Urban Tracks-Geneva de Sandrine Damour

Le feu. Souvenir tragique. En 1334 la Maison Tavel est détruite par les flammes et plusieurs occupants perdent la vie… Le bâtiment en restera doublement marqué: ses maçonneries gardent des cicatrices profondes et cachées, tandis que la reconstruction consécutive lui donne une façade aux étranges sculptures. Vestige historique, au cœur de la cité dont Sandrine Damour nous trace la cartographie, la Maison Tavel révèle son passé à travers des calques successifs qui lui confèrent aujourd’hui l’aspect qu’on lui connaît. Ce processus de superposition est identique à celui de Swiss Urban Tracks-Geneva, œuvre qui explore le canevas intime du territoire et de son occupation au fil du temps. La vue reste cependant contemporaine: elle survole, comparable à ce que l’œil voit la nuit depuis le hublot d’un avion, des traces de lumière, urbaine, réseau d’argent et d’or ponctué d’éclats nacrés qui font se ressembler toutes les zones densément bâties mais les rendent précieuses dans l’obscurité. Et cette création, c’est par le feu qu’elle est obtenue; le bois est carbonisé superficiellement selon la technique japonaise du shou-sugi-ban.

Sandrine Damour, Swiss Urban Tracks- Geneva, 2018

Intervention de Séverin Guelpa

L’eau. Difficile de vivre sans sa proximité. Longtemps cachée, l’ampleur de la citerne révélée par les recherches archéologiques préliminaires à la restauration de la Maison Tavel rappelle que la circulation de l’eau jusqu’aux habitats est récente. Cette conséquente réserve constituée par la collecte des eaux de ruissellement sur les toits avoisinants, filtrées et conduites jusqu’au profond cylindre coiffé d’une voûte, a longtemps été garante d’indépendance à une époque où les points d’approvisionnement que constituaient les fontaines étaient alimentés par une machinerie. Surplombant l’évier de l’ancienne cuisine et remplie quotidiennement par un porteur d’eau, la cuve de pierre, est aussi témoignage de ce que l’eau représentait, au moment où, dans nos contrées, nous réalisons que sa consommation ne peut être illimitée. Les Larmes d’acier de Séverin Guelpa occupent un espace qui rappelle la citerne : une cour, de surface réduite encadrée de hauts murs où il suspend trois gouttes d’acier d’une pluie qui n’atteindra jamais le sol, retenue dans l’intemporalité. Chacune d’elles est un monde régi par les lois de la physique ici transgressées.

Séverin Guelpa, Les Larmes d’acier, cordes et acier inox, 2019 © Photomontage : Séverin Guelpa

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