La musique des chevaliers

L’Ensemble Lucidarium en concert ce jeudi au MAH

Parmi les rendez-vous proposés autour de l’exposition Châteaux forts et Chevaliers, le Musée d’art et d’histoire a le plaisir d’accueillir jeudi 19 janvier l’Ensemble Lucidarium pour un concert consacré à la musique profane médiévale, fruit d’une démarche tant historique qu’artistique.

L’Ensemble Lucidarium en concert ce jeudi au MAH

Parmi les rendez-vous proposés autour de l’exposition Châteaux forts et Chevaliers, le Musée d’art et d’histoire a le plaisir d’accueillir jeudi 19 janvier l’Ensemble Lucidarium pour un concert consacré à la musique profane médiévale, fruit d’une démarche tant historique qu’artistique.

Le patrimoine immatériel médiéval dialogue ainsi avec les précieuses et rares traces matérielles présentées dans l’exposition, dans laquelle sont mis en lumière les différents aspects et valeurs de la vie chevaleresque au XIVsiècle. La présentation s’articule à partir des peintures murales de la maison forte de Cruet représentant une chanson de geste consacrée à la vie du chevalier Girart de Vienne. Ce texte, destiné à être chanté, offre un premier indice sur la place importante qu’occupait la musique dans la vie courtoise. Ces peintures murales ornaient l’aula magna du seigneur de Verdon, propriétaire du château, à la fois salle d’audience et de réception, abritant ainsi les temps forts de la vie courtoise et notamment les banquets. Ces manifestations, au-delà du repas festif, constituaient un rituel codifié permettant de resserrer les liens entre chevaliers, piliers de la vie féodale. La musique y tenait une place importante, fut-elle vocale ou instrumentale.

La chasse et l'annonce de la mort du duc de Bourgogne à Charlemagne (détail)  Cycle de peintures murales, début du XIVe siècle. Peinture sur enduit sec; H. 197 cm, Chambéry, Musée savoisien - Musée d'histoire et des cultures de Savoie ©MAH, photo: S. Pointet
La chasse et l’annonce de la mort du duc de Bourgogne à Charlemagne (détail)
Cycle de peintures murales, début du XIVe siècle, provient du château de Cruet (Savoie). Peinture sur enduit sec, H. 197cm Chambéry, Musée savoisien – Musée d’histoire et des cultures de Savoie ©MAH, photo: S. Pointet

La musique, en amour comme à la guerre

L’amour courtois, illustré sur miroirs, coffrets de mariage et autres aumônières, est aussi prétexte à chanter ses sentiments. La musique s’offre comme un cadeau à la dame de ses pensées. Et sur le champ de bataille, où s’illustre le chevalier, la musique sert aussi bien à se donner du courage qu’à impressionner l’ennemi, tandis que les instruments d’appels permettaient de rallier les troupes : en attestent une corne d’appel, mise au jour par le Service cantonal d’archéologie dans les fouilles du château de Rouelbeau, et cet olifant d’ivoire venant du trésor de la Collégiale Saint-Jacques de Sallanches, tous deux présentés dans l’exposition.

Olifant, région rhéno-mosane, 2nde moitié du XIIIe siècle. Ivoire et bronze ciselé, 55 x 11 cm, Sallanches, église Saint-Jacques, ©Commune de Sallanches, photo: S. Pointet
Olifant, région rhéno-mosane, 2nde moitié du XIIIe siècle
Ivoire et bronze ciselé, 55 x 11 cm, Sallanches, église Saint-Jacques ©Commune de Sallanches

Ces témoignages sont précieux car, si la musique occupait une place importante dans la vie chevaleresque, les instruments parvenus jusqu’à nous sont plus que rares: flûtes, tambours, vièles ou citoles, sont aussi fragiles que périssables. L’iconographie et les instruments d’aujourd’hui très similaires à ceux du Moyen Âge nous permettent d’avoir une idée de l’instrumentarium médiéval. Restent les partitions, rares elles aussi, avec leurs systèmes de notation musicale assez éloignés de la norme actuelle. Jouer au XXIe siècle de la musique médiévale est donc une entreprise qui relève à la fois du travail de l’historien et de l’ethnomusicologue.

Voyager dans le temps grâce à la musique

Grâce à des ensembles comme Lucidarium, l’auditeur de 2017 peut donc, par la magie de la musique, se croire invité au château de Cruet pour banqueter avec des chevaliers, entourés de peintures illustrant les aventures de Girart. Le rythme haletant des saltarelles, la douceur des chansons dédiées à l’élue, les sonneries des trompettes du champ de bataille… Dans le cas présent, l’auditeur se verra entraîné un siècle plus tôt pour explorer le rayonnement de la musique provençale du Rhône au Rhin, à l’époque de Rodolphe II de Neuchâtel.

 

Ensemble Lucidarium
En chantan M’Aven Membrar
Concert organisé en partenariat avec la Fondation de la Ménestrandie
Salle des armures, MAH
Jeudi 19 janvier 2017 à 19h
20 CHF/15 CHF sur place une heure avant le concert

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