Le Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG) revient au Musée d’art et d’histoire et se double, comme en 2017, d’une exposition pluridisciplinaire dédiée à l’art et à la culture horlogère. Du 1er au 14 novembre 2018, le public découvrira dans les salles palatines l’ensemble des septante-deux créations produites au cours de l’année écoulée et présélectionnées par le jury international du GPHG, ainsi que différents accrochages associant beaux-arts, art contemporain, vidéo et photographie…
Chaque année, le Grand Prix d’Horlogerie de Genève récompense le meilleur de la création et de l’innovation horlogère mondiale et rend hommage aux plus grands acteurs du milieu. L’exposition qui précède la remise des prix met en évidence les dernières prouesses technologiques et esthétiques et constitue, au fil du temps, une sorte de baromètre du « progrès » dans cette spécialité. Le public peut ainsi se familiariser avec l’évolution de la montre-bracelet contemporaine et constater les tournants majeurs comme les tendances qui s’imposent ou qui s’effacent d’une année à l’autre.
En tant que partenaire de cette exposition annuelle, le Musée d’art et d’histoire (MAH) participe à la visibilité de l’industrie nationale, non seulement à travers les collections horlogères historiques qu’il conserve et développe sans relâche, mais aussi par les liens qu’il tisse entre ses différents domaines de conservation et ses partenaires culturels. En accueillant l’exposition du GPHG, le MAH s’affirme comme associé à un réseau qui a pour but de promouvoir l’image de Genève dans le monde, à travers ses productions horlogères et artistiques.
Clin d’œil à Ferdinand Hodler
Cette édition 2018 s’inscrit sous le drapeau des événements du centième anniversaire du décès du peintre Ferdinand Hodler (1853-1918) à Genève, célébré tout au long de l’année au Musée d’art et d’histoire. Dans la sélection d’œuvres des collections du MAH réunies pour l’occasion, l’une de ses toiles attirera tous les regards: l’Horloger genevois.
Réalisé pour les peintures décoratives du Palais des beaux-arts de l’Exposition nationale suisse de 1896 à Genève, le tableau a été décroché pour l’occasion de la cimaise de l’escalier monumental du musée qu’il orne depuis 1922. De sa stature élancée, il veillera sur les garde-temps conçus en 2018 par les descendants de son élégant modèle. Sa puissance expressive, liée à la représentation frontale et en pied du personnage, sera soulignée par quatre autres œuvres, conservées dans les domaines Beaux-Arts et Arts graphiques du MAH (voir présentation ci-après).
En marge de cette sélection d’œuvres, l’on trouvera une présentation de vidéos d’artistes, extraites de l’exposition Telling Time proposée par la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH), suivie d’une section consacrée à la première édition du Watch Photo Awards, concours d’images invitant photographes amateurs ou professionnels à mettre en scène leurs montres. Les étudiants de la Chaire en Design horloger de la HEAD dévoileront des travaux de recherche et Carpe Diem, une horloge de table sphérique réalisée en collaboration avec le constructeur horloger JM. Wiederrecht pour le bénéfice d’une vente aux enchères caritative organisée en 2017. Enfin, Genève, cité horlogère est l’occasion pour les visiteurs d’approfondir leurs connaissances sur les métiers de l’art horloger, par le biais d’ateliers d’initiation à l’établi animés par la FHH et ouverts à tous.
Sélection d’œuvres présentées par le Musée d’art et d’histoire
1. Horloger genevois
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Ferdinand Hodler a réalisé plusieurs toiles de grand format pour décorer le Palais des beaux-arts monumental érigé à Plainpalais lors de l’Exposition nationale suisse organisée à Genève en 1896. Outre une série de soldats suisses, deux figures présentent des «métiers suisses»: un horloger, reconnaissable à la montre qu’il tient et à son vêtement de travail (blouse et visière, boîte de fournitures), et un vigneron vaudois, serpe à la main. Pour chacun de ces tableaux, la mise en scène est sobre et renforce la puissance d’expression de la figure : décor réduit à l’essentiel, représentation frontale du personnage en pied, mise au carreau visible.
2. Portrait de présumé de Luc II Morin-Marchiville
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Issu d’une famille d’orfèvres, de peintres, de miniaturistes et d’émailleurs, Robert Gardelle devient portraitiste, paysagiste et graveur. Il est élève puis collaborateur dans différents ateliers à Genève, en Allemagne et à Paris. Son modèle, tenant une montre à la main, illustre le Second Refuge qui fait converger à Genève des familles protestantes de France. Venu de Blois, Luc II Morin-Marchinville est reçu Habitant en 1688 et admis à la Bourgeoisie de Genève en 1710, avec ses cinq fils. La famille produit plusieurs fabricants et marchands horlogers.
3. Le Salon de Cologny
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Huile sur toile, 152 x 202 cm © MAH, photo: B. Jacot-Descombes, inv. 1983-11
Comme les portraits mettant en évidence un garde-temps, signe de prestige social ou d’intérêt pour les sciences mécaniques, les scènes d’intérieur accueillent dès le XVIIe siècle des horloges et des pendules. La pendule borne du Salon de Cologny, placée sur la cheminée d’un intérieur bourgeois, rappelle comment la mesure du temps se répand, des espaces publics vers les logements privés, pour enfin devenir objet intime à porter sur soi.
4. Atelier d’horloger au XVIIIe siècle à Genève
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Peintre, dessinateur, peintre sur émail et enseignant, Christophe François von Ziegler est, comme Ferdinand Hodler, un élève de Barthélemy Menn. Dans le domaine de l’émaillerie, il est collaborateur de son beau-père Marc Dufaux, émailleur de renom. Dans son œuvre, il immortalise l’activité des cabinotiers de Genève, dont il est un héritier et où la figure de l’établisseur, représenté debout dans l’atelier, est centrale dans la gestion de la fabrication et de la vente des montres.
5. Swiss Made
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Comme en témoigne sa vaste pratique interdisciplinaire, Hirschhorn se sert de l’art pour interroger le monde et ses problèmes. À l’aide de matériaux ordinaires et universels (carton, ruban adhésif, plastique…), il crée des installations percutantes: « (…) il s’agit de montrer mon dégoût du discours dominant et de montrer mon mépris pour la fascination du pouvoir». Swiss Made se fait à la fois objet de la critique de l’artiste pointée vers le complexe industriel mondialisé, et symbole du pouvoir d’attraction de la maîtrise du temps, ancrée dans le territoire helvétique.