Le Musée d’art et d’histoire a obtenu un financement pour ses recherches sur la provenance de plusieurs tableaux.
En 1998, quarante-quatre états participent à la Conférence de Washington et élaborent des «principes applicables aux œuvres d’art confisquées par les nazis». Non contraignants, ces onze Principes de Washington ont pour objectif d’inciter les institutions muséales à faire des recherches de provenance proactives et de trouver des solutions justes et équitables adaptées à chaque cas. La Suisse fait partie des états signataires et entreprend dès lors des recherches dans les 8 musées qui lui appartiennent:
– Musée national suisse, Zurich
– Château de Prangins / Musée National suisse, Vaud
– Domaine du château de Wildegg, Argovie
– Forum de l’histoire suisse, Schwytz
– Musée des automates de musique à Seewen, Soleure
– Musée Bärengasse, Zurich
– Zunfthaus zur Meisen, Zurich
– Musée suisse des douanes, Gandria, Tessin
La Confédération entreprend par ailleurs un travail d’information et de sensibilisation auprès des autres musées du pays, qui ne sont pas directement signataires des Principes. Ainsi le Message culture du Conseil fédéral pour les années 2016 à 2020 «définit les axes d’action stratégiques de la politique culturelle fédérale et vise à renforcer la collaboration des différents échelons étatiques dans le cadre d’une «politique culturelle nationale»». Dans ce cadre, l’Office fédéral de la culture alloue des subventions aux musées suisses souhaitant entreprendre des recherches de provenance. Une première tranche de près de 900’000 francs a déjà été consacrée à douze musées pour des projets s’étalant de 2016 à 2018. Désireux de renforcer la recherche de provenance de ses collections, le Musée d’art et d’histoire a présenté un dossier pour la deuxième tranche et vient d’obtenir l’allocation demandée. Il fait partie des douze nouveaux bénéficiaires dont les projets de recherche sont cofinancés à hauteur de 50%.
Dons, legs et dépôts en question
Depuis le début de l’année 2019, une petite équipe au sein du domaine Beaux-Arts étudie une septantaine de tableaux pour établir leur provenance, tout particulièrement concernant la période entre 1933 et 1945. Les achats du Musée d’art et d’histoire ne posent pas de problème durant cette période: le musée achète local, sa politique d’acquisition, à l’aide du fonds Diday, vise avant tout la création genevoise, romande et occasionnellement suisse. La soudaine et «prodigieuse» disponibilité d’œuvres sur les marchés étrangers – français, allemand mais aussi suisse – qui résulte de la spoliation de collections juives et de la mise au ban des œuvres dites «dégénérées» par le gouvernement national-socialiste, ne tente pas les dirigeants de notre institution.
La question de la provenance mérite cependant d’être posée pour les œuvres arrivées par don, legs ou dépôt permanent. Une sélection d’œuvres allant du Siècle d’or hollandais à l’impressionnisme sera examinée au cours de cette année. Les résultats – qui feront l’objet d’un rapport publié sur le site des MAH – enrichiront en premier lieu la documentation déjà disponible sur ces œuvres. Mais leur utilité est plus générale: un historique clair et sans lacune (pour la période 1933-1945) est devenu une exigence non négociable dans les conventions de prêts entre musées. Une œuvre à provenance lacunaire se verra exclue de tout prêt. La recherche de provenance – qui a toujours fait partie de l’étude de l’histoire de l’art – est une exigence d’actualité qui complète fort heureusement les connaissances sur les œuvres de nos collections.
Grâce au travail mené par Brigitte Monti, collaboratrice scientifique au domaine Beaux-Arts du MAH, qui allie une pratique solide de la recherche de provenance à une impressionnante connaissance des fonds de peintures du musée, une nouvelle étape dans la mise aux normes déontologiques contemporaines des collections du MAH sera franchie.