Le Mamco s’invite au Rath

Pour ses 20 ans, le Mamco rend visite à ses amis.

L’exposition Biens publics actuellement au Rath présente la convergence et le riche dialogue qu’entretiennent les quatre collections publiques d’art contemporain à Genève, soit celles du Musée d’art et d’histoire (MAH), du Fonds municipal d’art contemporain (Fmac), du Fonds cantonal d’art contemporain (Fcac) et du Musée d’art moderne et contemporain (Mamco).

Pour ses 20 ans, le Mamco rend visite à ses amis.

L’exposition Biens publics actuellement au Rath présente la convergence et le riche dialogue qu’entretiennent les quatre collections publiques d’art contemporain à Genève, soit celles du Musée d’art et d’histoire (MAH), du Fonds municipal d’art contemporain (Fmac), du Fonds cantonal d’art contemporain (Fcac) et du Musée d’art moderne et contemporain (Mamco).

À l’origine de cet événement, le souhait de Christian Bernard, directeur de cette dernière institution, de dire haut et fort: «Nous avons des richesses, faisons-les travailler ensemble.» Et de fêter dignement les 20 ans de sa structure.

Du côté du Musée d’art et d’histoire, son directeur Jean-Yves Marin se félicite de ce bel événement qui permet également de rappeler que, sans le rôle de relai joué par le Musée d’art et d’histoire dans la constitution, il y a 40 ans, de l’Association pour un Musée d’art moderne et contemporain (AMAM), le Mamco n’aurait certainement pas vu le jour et la scène de l’art contemporain n’aurait pas trouvé un terrain aussi fertile dans la cité du bout du lac.

Christian Bernard, quelle est la genèse de cette exposition?
ChB: Ce projet s’inscrit dans le cadre des 20 ans du Mamco. Pour fêter cet événement, nous avons décidé de rendre visite à nos amis. Après le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la Fondation Kugler ou la Villa Bernasconi, nous faisons étape au Rath, pour une présentation conjointe des quatre collections genevoises d’art contemporain. Suivront encore des haltes au Musée de la Réforme ou dans celui de Carouge, par exemple. A cette occasion, j’ai rattaché mon désir de montrer qu’à Genève, l’art contemporain est bien traité. Que la pléiade d’institutions qui y œuvrent forme une sorte de méta-collection.

En 1995, peu de temps après mon arrivée, j’avais déjà présenté au Mamco un accrochage mêlant des œuvres du Fmac et du Fcac. Il y a deux ans, nous avons proposé, en trois épisodes, Biens communs, pour mettre en valeur nos belles acquisitions. Tout cela relève de l’envie de montrer que les richesses sont là, que les collections genevoises sont convergentes et coexistent de manière productive. Biens publics est donc une exposition politique.

Comment le choix des œuvres a-t-il été opéré?
ChB: Le projet devant être le plus collectif possible, nous nous sommes donc réunis entre responsables des différentes collections, pour établir une liste des artistes que chacune et chacun voulait voir figurer dans l’exposition. C’est à partir de cette liste, qui comprend une soixantaine de noms dont, forcément, les «grandes figures» comme Armleder ou Burkhard, que le choix des œuvres a pu être effectué. Sans aucun quota: nous n’avons par exemple pas veillé à ce qu’il y ait le même nombre d’œuvres par collection. Notamment pour que l’accrochage ne donne pas l’impression d’être celui de quatre instances les unes à côté des autres.

John M Armleder, Furniture Sculpture, AH (Si An), 2006
Sculpture composée d’une acrylique sur toile et de quatre chaises chromées réalisées par Heberli Nais
© Photo : Ilmari Kalkkinen — Mamco, Genève

Y a-t-il un fil rouge délibéré?
ChB: Une fois la liste des artistes établie, un profil de l’exposition s’est dégagé: une attention au territoire, puisque les artistes sont avant tout Genevois, Vaudois ou Suisses, à quelques exceptions près. Nous avons également décidé de faire une vraie place à l’art vidéo, et principalement au fonds Iten dont le Fmac a la responsabilité.

Un constat à l’arrivée?
ChB: La fierté de pouvoir exposer les œuvres d’artistes connus et reconnus hors de nos frontières. Et celles de pouvoir montrer aux Genevois les riches collections dont ils sont propriétaires, puisque les quatre sont publiques.

De votre côté, Jean-Yves Marin, que retenez-vous de cette collaboration entre les quatre collections publiques d’art contemporain?
JYM: Le travail mené autour de Biens publics a notamment permis de retrouver une certaine harmonie entre les différents acteurs de l’art contemporain.

Cette exposition met également en avant les réussites et les échecs en termes de complémentarité dans les achats menés par les responsables des quatre collections.

Quelle est la place de l’art contemporain au MAH?
JYM: Un musée tel que le MAH ne peut s’envisager sans la présence de l’art d’aujourd’hui dans ses murs et ses collections. Et ceci pour trois raisons.

La première est que l’obsession du présent doit être dans la tête du directeur/de la directrice d’une telle institution. Il en va du rapport du musée avec son public. La deuxième relève de la problématique de la patrimonialisation. Ici, celle de l’art contemporain. Garder le meilleur, conserver ce qui restera et sera transmis aux générations futures, telle est la tâche d’un musée comme le nôtre. Car l’art contemporain d’aujourd’hui est forcément le moderne de demain et le classique d’après-demain. La troisième est inscrite sur la carte d’identité même des musées: parmi leurs nombreuses fonctions, ils doivent être des lieux d’expérimentation pour les artistes. On y crée autant qu’on y apprend.

Grand piano de concert et miroir de Christian Marclay (1955)  © MAH Genève
Christian Marclay, grand piano de concert et miroir, (1994)
© Photo: Mike Sommer – MAH Genève

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