Le monde onirique d’AES+F au MAH

Trois projets de l’exposition Theatrum Mundi

Actif depuis 1987, le collectif russe AES+F (Tatiana Arzamasova, 1955; Lev Evzovich, 1958; Evgeny Svyatsky, 1957 + Vladimir Fridkes, 1956, qui a rejoint le groupe en 1995) est à l’honneur dans les salles palatines du MAH avec une exposition organisée autour de deux de leurs vidéos récentes, Allegoria Sacra (2011-2013) et Inverso Mundus (2015). AES+F. Theatrum Mundi invite à un spectacle total en proposant un panorama des dix dernières années d’une création baroque et protéiforme, avec des peintures numériques, des sculptures et des photographies issues de projets divers.

Trois projets de l’exposition Theatrum Mundi

Actif depuis 1987, le collectif russe AES+F (Tatiana Arzamasova, 1955; Lev Evzovich, 1958; Evgeny Svyatsky, 1957 + Vladimir Fridkes, 1956, qui a rejoint le groupe en 1995) est à l’honneur dans les salles palatines du MAH avec une exposition organisée autour de deux de leurs vidéos récentes, Allegoria Sacra (2011-2013) et Inverso Mundus (2015). AES+F. Theatrum Mundi invite à un spectacle total en proposant un panorama des dix dernières années d’une création baroque et protéiforme, avec des peintures numériques, des sculptures et des photographies issues de projets divers.

La Dernière Révolte / Last Riot (2005-2007)

La Dernière Révolte est consacrée au thème de l’enfance et de l’adolescence dans la société et la culture d’aujourd’hui. Chaque civilisation crée sa propre mythologie de l’enfance et la jeune génération actuelle reflète la société à la manière d’un miroir grossissant. À notre époque, les enfants vivent davantage dans un monde virtuel que dans le réel. Depuis une vingtaine d’années, la déferlante des jeux vidéo met entre leurs mains des armes de destruction leur imposant des schémas de violence et de combat. Dans La Dernière Révolte, des mannequins adolescents en joggings et pantalons militaires reproduisent avec élégance, au ralenti, des scènes brutales contrastant avec l’accompagnement musical du Crépuscule des dieux de Richard Wagner (1848). Dans cette bataille, il n’y a pas de distinction entre victime et bourreau, masculin et féminin ou bien et mal. Ces adolescents vivent les mythes de toutes les époques et de tous les peuples, entremêlés avec ceux de la culture de masse contemporaine et des clichés et modèles de l’animation virtuelle.
Durée: 19’25”

Allégorie sacrée / Allegoria Sacra (2011-2013)

Allégorie sacrée est un dialogue avec une peinture du XVe siècle de Giovanni Bellini (Allégorie sacrée, 1490-1500, musée des Offices de Florence). Le sujet de cette œuvre est mystérieux. Les personnages les plus divers de la mythologie chrétienne et antique s’y trouvent rassemblés sur une terrasse et sur les berges d’une large rivière, entourées de collines sur lesquelles on aperçoit, dans le lointain, des maisons villageoises et des palais. Saint Sébastien, la Sainte-Vierge, un centaure, des enfants en train de jouer, un Sarrasin, un homme, semblable à l’apôtre Paul, tenant une épée, un paysan accompagné d’une mule à l’arrière-plan, deux belles dames dont une serait manifestement sainte Catherine, un vieillard nu qui rappelle Job… tels sont quelques-uns des personnages réunis par Bellini sur ce tableau. Selon l’une des interprétations les plus populaires, le peintre aurait représenté le purgatoire.

Giovannni Bellini, Allegoria sacra, 1490-1500
Huile sur bois, 73 x 119 cm. Musée des Offices, Florence

Dans Allégorie sacrée, l’action montée par le groupe AES+F se déroule dans un aéroport international. Les vols en retard provoquent l’accumulation d’une foule, composée des représentants de groupes sociaux, ethniques, nationaux et confessionnels les plus divers. Chaque personnage rêve, et les visions de tous ces passagers se fondent en une nouvelle réalité mythologique, métaphore de la civilisation contemporaine. Le mélange surréaliste présente des images de religions anciennes et nouvelles, de stéréotypes tirés des médias, de bandes dessinées et de films fantastiques.
Durée: 34’34”

Le Monde à l’envers / Inverso Mundus (2015)

Inverso Mundus s’empare du thème carnavalesque du «monde inversé», présent autant dans la peinture savante que dans la gravure populaire depuis le XVIe siècle. Ce théâtre étrange met en scène côte à côte des hommes et des animaux, des chimères et des poissons volants, dans des scènes où les rapports de pouvoir habituels sont inversés, les excès autorisés et les relations habituelles entre haut et bas, masculin et féminin, homme et animal fantastiquement remis en jeu. Dans une interprétation des artistes, les images absurdes du carnaval médiéval apparaissent comme les scènes de la vie contemporaine et les personnages jouent dans un spectacle utopique absurde: les femmes inquisitrices torturent des hommes, les enfants se battent avec les vieillards, les nettoyeurs des rues arrosent la ville de déchets, les voleurs se transforment en policiers et les mendiants en hommes riches. Inverso Mundus, c’est le monde où les chimères deviennent des animaux de compagnie et l’Apocalypse est un divertissement.
Durée: 38’

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