Les précieuses traces de Byzance trouvées au Tessin

Témoignages tessinois de l’influence artistique byzantine

Dans le cadre de l’exposition Byzance en Suisse, qui se tient au Musée Rath jusqu’au 13 mars, deux objets d’orfèvrerie témoignent des échanges d’influences artistiques et culturelles entre les populations lombardes, d’origine germanique, installées au Nord de l’Italie et au Tessin dès la fin du VIe siècle de notre ère, et celles romano-byzantines de la péninsule italienne. Il s’agit d’une croix réalisée en feuille d’or et d’une boucle d’oreille ajourée en forme dite de «corbeille», lesquelles ont été fortuitement découvertes durant la première moitié du XIXe siècle dans une nécropole antique de Stabio (Tessin). Elles sont aujourd’hui propriété du Musée national suisse de Zurich, qui nous les a généreusement prêtées afin de les présenter dans la section «Byzance et les autres».

Témoignages tessinois de l’influence artistique byzantine

Dans le cadre de l’exposition Byzance en Suisse, qui se tient au Musée Rath jusqu’au 13 mars, deux objets d’orfèvrerie témoignent des échanges d’influences artistiques et culturelles entre les populations lombardes, d’origine germanique, installées au Nord de l’Italie et au Tessin dès la fin du VIe siècle de notre ère, et celles romano-byzantines de la péninsule italienne. Il s’agit d’une croix réalisée en feuille d’or et d’une boucle d’oreille ajourée en forme dite de «corbeille», lesquelles ont été fortuitement découvertes durant la première moitié du XIXe siècle dans une nécropole antique de Stabio (Tessin). Elles sont aujourd’hui propriété du Musée national suisse de Zurich, qui nous les a généreusement prêtées afin de les présenter dans la section «Byzance et les autres».

Précieuses croix en feuille d’or

Caractéristiques du mobilier funéraire lombard, les croix en feuille d’or ont principalement été retrouvées dans les régions septentrionales de l’Italie entre la fin du VIe et le VIIIe siècle. Elles étaient cousues sur le linceul du défunt au niveau du visage ou de la poitrine. Si les nombreux exemplaires conservés présentent le plus souvent une ornementation linéaire stylisée de tradition germanique, constituée d’animaux fantastiques entremêlés, quelques-uns, notamment la croix de Stabio, montrent un décor de tradition tardo-romaine et byzantine.

Croix en feuille d’or découverte à Stabio. Lieu de fabrication: Nord de l’Italie, première moitié du VIIe siècle ; 9 x 9 cm ©Musée national suisse, Zurich, inv. A-40832
Croix en feuille d’or découverte à Stabio. Lieu de fabrication: Nord de l’Italie, première moitié du VIIe siècle ; 9 x 9 cm
©Musée national suisse, Zurich, inv. A-40832

La croix est formée de quatre bras égaux légèrement évasés, sur lesquels figure un ornement végétal et animalier stylisé. Sur chaque bras, une palmette se développe, formant une goutte dans laquelle est inséré un oiseau. Au croisement des bras, l’élément végétal dessine un médaillon, occupé par un lion ou un agneau. Le décor a été réalisé par estampage en utilisant des matrices métalliques gravées dans lesquelles a été pressée une feuille d’or amincie par martelage. Une même matrice a assurément servi pour le décor identique des quatre bras, alors qu’une seconde a été utilisée pour le motif central. La feuille a ensuite été découpée au moyen d’un outil tranchant. Sur le pourtour de la croix, vingt-quatre trous, permettant de coudre celle-ci sur un tissu, ont été réalisés à l’aide d’un poinçon.

Boucle d’oreille en «corbeille» trouvée à Stabio.  Lieu de fabrication: Italie, fin VIe - première moitié du VIIe siècle ; haut. 3,8 cm, larg. 2,2 cm, poids 4,1 g  ©Musée national suisse, Zurich, inv. A-40833
Boucle d’oreille en «corbeille» trouvée à Stabio, vue de profil.
Lieu de fabrication: Italie, fin VIe – première moitié du VIIe siècle ; haut. 3,8 cm, larg. 2,2 cm, poids 4,1 g
©Musée national suisse, Zurich, inv. A-40833

 

 

Boucle d’oreille dans la tradition romaine

Le modèle de boucle d’oreille retrouvé à Stabio est largement attesté en Italie et en Europe centrale durant la seconde moitié du VIe siècle et le VIIe siècle. Par son exécution et son décor, il s’incrit dans la tradition de l’orfévrerie romaine. De nombreux exemplaires proviennent d’ailleurs de territoires qui à l’époque étaient encore sous domination byzantine, tels que Rome, la Sicile, la Sardaigne et les régions méridionales de la péninsule italienne.
Un pendentif hémisphérique en forme dite de «corbeille» est fixé à une boucle filiforme, laquelle est ornée dans sa partie antérieure d’un alignement de petites boules d’or encadrées d’un fil godronné. Quatre motifs cordiformes composent la corbeille ajourée. Une petite boucle fixée au bas de celle-ci servait probablement à soutenir un autre pendentif. Un anneau de maintien est placé à l’arrière de la corbeille.

Boucle d’oreille en «corbeille» trouvée à Stabio, vue de face.  Lieu de fabrication: Italie, fin VIe - première moitié du VIIe siècle ; haut. 3,8 cm, larg. 2,2 cm, poids 4,1 g  ©Musée national suisse, Zurich, inv. A-40833
Boucle d’oreille en «corbeille» trouvée à Stabio, vue de face.
Lieu de fabrication: Italie, fin VIe – première moitié du VIIe siècle ; haut. 3,8 cm, larg. 2,2 cm, poids 4,1 g
©Musée national suisse, Zurich, inv. A-40833

Une feuille circulaire, sur laquelle sont soudés des fils godronnés et une série de petites boules d’or, également entourées d’un mince fil godronné, compose la face du pendentif. Une plaque décorée de lignes parallèles creusées en diagonale l’entoure. Côté face, la partie centrale devait recevoir une perle ou une pâte de verre, comme en atteste le mince fil d’or qui la traverse encore. Quant à la fermeture, elle se fait par pression : l’extrémité pointue de la boucle se fixe dans un manchon situé sur l’autre extrémité.

 

Pour une étude plus détaillée de ces deux pièces et les références bibliographiques, voir G. Lini, «Stabio», dans M. Martiniani-Reber (dir.), Byzance en Suisse, catalogue d’exposition, Genève 2015, pp. 392-394

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