La place des femmes dans les collections du MAH
Le 4 mars, la Bibliothèque d’art et d’archéologie (BAA) du Musée d’art et d’histoire, en collaboration avec Wikimédia CH, accueillera pour la première fois un edit-a-thon, événement public qui vise à enrichir l’encyclopédie en ligne Wikipédia. Cette journée contributive s’inscrit dans la campagne internationale Art + Féminisme, destinée à améliorer la présence des femmes et des arts sur Wikipédia. Elle permettra aussi d’explorer la place des femmes dans les collections du MAH et de mieux faire connaître les fonds de la BAA, plus grande bibliothèque suisse dans le domaine de l’art.
L’encyclopédie libre en ligne Wikipédia, alimentée par les internautes, est devenue une source d’information incontournable, visant notamment la démocratisation du savoir. Force est de constater que la place des femmes y est toutefois encore largement minoritaire.
Les femmes dans les collections du Musée d’art et d’histoire
Les femmes artistes, muses, ou figures mythologiques incarnées occupent une place non négligeable dans les collections du MAH, même si elles sont beaucoup moins nombreuses que les hommes.
Femmes artistes
Rares sont les femmes à s’être affirmées dans d’autres domaines que l’artisanat d’art ou à accéder à une reconnaissance et surtout au statut de «femme artiste». Tant d’autres, assimilées à des dilettantes, se fondent parmi les «auteurs inconnus».
Plusieurs artistes de renommée internationale figurent néanmoins au nombre de la quarantaine de peintres femmes recensées dans les collections: Élisabeth Louise Vigée-Lebrun, Amélie Munier-Romilly, Marie Laurencin, Camille Claudel, Alice Bailly…

On observe à travers les collections du MAH l’élargissement progressif des champs de la création féminine et la réduction graduelle des différences entre les genres: aux XVIIIe et XIXe siècles, les femmes sont auteures de toiles ou de dessins, ainsi que de précieuses miniatures; si elles participent activement à la production d’arts appliqués (dentelles, broderie, émaux, horlogerie), elles y restent artisanes. Dans les années 1970, elles renouvellent le domaine textile, quittant le dessin d’ornement ou la broderie pour s’exprimer avec la tapisserie. Avec les générations de Louise Bourgeois, Sonia Delaunay, Niki de Saint Phalle, l’artiste femme ouvre davantage son horizon créatif: elle devient artiste plasticienne, photographe ; elle s’empare du «livre d’artiste» et des nouveaux médias, comme le fait Pipilotti Rist. Dans le domaine du bijou d’auteur contemporain, les femmes occupent une place de choix, majoritaires au rang des créateurs.

Femmes représentées
Figures mythiques et symboliques, figures saintes ou figures aimées se mêlent dans les collections: la femme est un sujet généreux; la femme légendaire y est omniprésente.
Des modèles pour représenter par exemple Aphrodite ou Léda ont inspiré les sculpteurs antiques avant ceux de la période néoclassique. Des œuvres peintes du XVIe siècle sont des hymnes à la beauté du corps féminin dévoilé, que les scènes de genre ultérieures humaniseront davantage.
Les principales figures des cours européennes des XVIIe-XIXe siècles (Catherine la Grande, Marie-Thérèse d’Autriche, Mmes de Montespan ou de Maintenon….) sont représentées dans leur rôle public, parmi les anonymes mises en scène dans le cadre privé.

Parmi l’intense production des portraits intimes et de famille, les autoportraits peints en miniature par les artistes de la fin du XVIIIe siècle révèlent les visages de rares artistes, telles Henriette Rath et Élisabeth Terroux.
Collectionneuses et mécènes
La même Henriette Rath figure au nombre des premiers mécènes du musée, avec sa sœur. Toutes deux s’inscrivent dans la lignée des collectionneuses et donatrices indissociables de l’histoire du Musée d’art et d’histoire: au début du XXe siècle, ce sont Anna Sarasin, Mme Rigaud Plantamour, Amélie Piot, Marie Marguerite d’Ormond qui apportent leur pierre à l’édification du musée, en alimentant les fonds de dentelles, de broderies et d’étoffes, d’éventails et de bijoux et objets de vertu. Marguerite, épouse de l’égyptologue Édouard Naville, se distingue aux côtés de ce dernier, mettant son talent de dessinatrice au service de la recherche académique: tous deux contribuent à l’enrichissement des collections du musée.

En 1908, Sarah Dorance Galopin donne la collection d’instruments de musique réunie par son mari Camille et finance la fabrication des vitrines qui accueillent une sélection de ces œuvres au musée. Plus récemment, les noms des collectionneuses Françoise Varenne, associée à son mari Roger, ou Monique Nordmann, érudite autant que généreuse, sont inscrits dans les annales du musée au titre de mécènes. Sans compter les influences décisives de certaines dames, intervenues au cours du traitement de successions familiales délicates et compliquées. D’autres démarches sont remarquables: Janet Zakos réunit un important corpus d’antiquités byzantines dont elle dispose en faveur du musée de Genève quelques temps avant son décès; de même, Yvette Mottier, archéologue et collectionneuse de bijoux modernes et contemporains, dote généreusement le musée de parures rassemblées pendant plus de trente ans.
Informations pratiques
Vendredi 4 mars, de 11 à 16 heures
Bibliothèque d’art et d’archéologie
Promenade du Pin 5,
Médiathèque, 2e étage