Un partenariat entre le MAH et les structures d’accueil para et extra-scolaires
Dans le cadre d’un partenariat entre le Musée d’art et d’histoire et les structures d’accueil para et extra-scolaires, plusieurs projets collectifs créatifs ont été initiés depuis septembre 2014 et sont en pleine éclosion en ce beau printemps…
Soutenus par la Fondation Gandur pour la Jeunesse, ils visent non seulement à sensibiliser des enfants qui n’ont pas pour habitude de fréquenter des musées, mais aussi à développer leur regard sur l’art et les objets porteurs d’histoire. Pour cela, plusieurs projets thématiques en lien avec les collections permanentes et les expositions temporaires ont pris forme, articulés autour de plusieurs fils rouges.
Riche d’expériences en animation d’activités créatrices, la médiatrice en charge du projet, Delphine Schumacher, propose des ateliers de création articulés autour des thématiques abordées. Suite au projet avec le GIAP puis celui avec les Villas YoYo, un troisième projet, intitulé Photos & Gravures, a été mené.
À l’occasion de l’exposition White Noise mettant en lumière le travail de gravure de l’artiste allemande contemporaine Christiane Baumgartner, ce projet de médiation pour les enfants a été mis sur pied en partenariat avec LeSpot, maison de quartier de Chêne-Bourg.

Découvrir le musée
Une première rencontre est organisée au MAH fin 2014. Les enfants de la Grande récré (une dizaine d’enfants qui se retrouvent chaque mercredi au Spot) viennent passer un après-midi au musée. Ils découvrent l’architecture et les fonctions particulières du musée à travers un premier parcours «de la cave au grenier». Puis, ils sont sensibilisés aux prémices de l’imprimerie avec les gravures dans la pierre et dans le bois, et plus largement aux matières qui, depuis des millénaires, sont taillées, sculptées et gravées, et qui, intentionnellement ou non, nous transmettent aujourd’hui l’histoire des hommes.

Des ateliers créatifs pour s’initier à la gravure
En janvier 2015, les enfants accueillent à leur tour la médiatrice dans leur maison de quartier. Une série de trois ateliers débute, visant à sensibiliser les enfants à la démarche créative et technique si particulière de l’artiste.
Christiane Baumgartner réalise en effet des xylographies à partir de photographies, tirées notamment de son environnement quotidien, qu’elle transforme et transpose. L’artiste tente d’en saisir l’«essence» graphique. Elle exploite les contrastes et les structures répétitives, joue avec la limite entre le concret et l’abstrait. Une des particularités de son travail est d’impliquer le spectateur: celui-ci doit trouver sa juste distance avec l’œuvre pour que l’image se révèle; s’il est trop près par exemple, son cerveau ne parvient pas à la déchiffrer.
L’exposition White Noise n’étant alors pas encore ouverte, une première approche du travail de l’artiste est organisée autour de divers supports de médiation, tels que des catalogues, des images projetées, quelques outils et des matériaux bruts. Des exercices d’illusions d’optique sont également proposés.
Une fois l’œil des enfants averti et aiguisé, l’étape suivante consiste à les emmener au cœur de leur quartier et de les inviter à «voir» leur environnement quotidien différemment. Par exemple en repérant les structures répétitives des constructions humaines, telles que les fenêtres des immeubles, les rangées d’arbres, les rangées de voitures, les signalisations routières, etc. Chaque enfant prend ses propres photographies. Il est amené ensuite à n’en retenir qu’une seule: celle qui va lui servir de support pour la suite.
Alors que le processus de l’artiste est extrêmement technique et laborieux, la technique proposée aux enfants, inédite et réfléchie spécialement pour l’activité de médiation, permet d’expérimenter rapidement et de manière schématique plusieurs étapes de «transformation» d’une image en préservant le même esprit (contraste, tramage, calque, gravure, estampe).

Par ordinateur, la photographie couleurs est d’abord convertie en noir/blanc, puis fortement contrastée. Puis, à partir d’une photocopie A3, les enfants réalisent un «calque» au moyen d’un papier transparent: ils doivent alors «transposer» leur image en délimitant distinctement les zones claires des zones foncées.


Le calque est ensuite superposé sur une plaque à graver (polystyrène extrudé). C’est à ce moment-là que s’opère le «tramage» de l’image: les enfants exécutent leur gravure en reportant leur dessin uniquement sous forme de lignes horizontales.
Plusieurs essais en amont ont permis aux enfants de comprendre le processus d’inversion qui s’opère au moment de l’impression et la nécessité de penser « à l’envers » la technique du dessin: ils doivent graver les lignes de manière plus marquée pour les zones claires, et inversement pour les zones foncées.


Une fois terminée, les enfants opèrent l’encrage de leur «matrice» au moyen d’un rouleau et de peinture à l’eau (gouache), puis réalisent leurs estampes en monochrome en expérimentant diverses sortes de papier (aquarelle et Wenzhou).
Enfin, dernière étape, retour au musée où le projet prend tout son sens : ce rendez-vous permet aux enfants du Spot de découvrir les œuvres de Christiane Baumgartner grandeur nature et savourer un goûter en admirant le fruit de leur travail tout en couleur présenté à l’Espace #MAHfamily.