Un partenariat entre le MAH et les structures d’accueil para et extra-scolaires
En octobre 2015, une jolie aventure commençait au Musée d’art et d’histoire: les enfants âgés de 5 à 12 ans de 3 classes genevoises étaient invités à participer à Outings Project, le projet artistique participatif imaginé par Julien de Casabianca.
C’était la première fois que l’artiste conviait des élèves à prendre part à Outings Project. L’opération a débuté par une balade dans les salles Beaux-Arts, accompagnée par l’artiste et les médiateurs du musée, au cours de laquelle les enfants ont repéré sur les toiles des personnages qui les interpellaient. Après les avoir capturés au moyen d’un smartphone, ils ont reçu, quelques jours plus tard, de gigantesques affiches… Voici leurs personnages imprimés en couleur et en grand format, qu’ils se sont empressés de détourer aux ciseaux.

Puis, armés de seaux de colle et de pinceaux géants, les enfants ont pris d’assaut les rues de Genève pour choisir les endroits où délivrer leurs «captifs». Malgré les autorisations délivrées au préalable et les emplacements d’affichage bien délimités, les écoliers ont savouré un petit goût de rébellion et un sentiment d’évasion au moment de sillonner les rues, leurs affiches roulées sous le bras. Et c’est d’un air fier, et avec de la colle jusqu’aux coudes, qu’ils contemplaient leur œuvre.

Du musée à la rue, et de la rue au musée
Au premier déroulement d’affiche, les curieux personnages semblaient déjà s’être évadés. Mais une fois ancrés au mur, ils ont pris vie à ciel ouvert, comme libérés de leur cadre, de leur cartel muséal et du poids de leur histoire. Une cinquantaine de personnages ont ainsi progressivement apparu le long de nombreux boulevards, ruelles, cours et carrefours de la ville, promettant aux passants observateurs des rencontres insolites et poétiques. Il est rare de rester insensible à ces apparitions anonymes, qui laissent transparaître le tracé de la main de grands chefs de la peinture, et dont l’identité interpelle… Qui sont-ils? D’où viennent-ils?
L’aventure devait-elle s’arrêter là? Si le projet Outings a fait sortir l’art dans la rue, ne pouvait-il pas attirer la «rue» dans le musée? Ce fut chose faite: sur les traces des enfants qui ont eu la chance de participer à l’opération de Street Art, d’autres se sont lancés dans une enquête palpitante les menant au MAH! Le projet artistique initial s’est alors mué en une activité de médiation culturelle particulièrement intéressante… Ce prolongement d’Outings Project s’inscrit cette fois dans le cadre du projet de médiation Dedans-Dehors, mené avec le soutien de la Fondation Gandur pour la Jeunesse. Cette collaboration avec les maisons de quartier et les structures d’accueil parascolaire a pour objectif de toucher des enfants -et des adultes encadrants- qui n’ont pas pour habitude de venir au musée. Des projets collectifs sont mis en œuvre, créant des espaces de rencontre «perméables», et favorisant l’appropriation d’un bagage culturel et une sensibilité artistique.
La chasse aux Outings
Ainsi, plusieurs maisons de quartier et lieux parascolaires ont été sollicités pour prolonger le projet Outings: les Maisons de quartier de la Jonction et de la Traverse aux Pâquis, les parascolaires des Eaux-Vives et de Micheli-du-Crest. Munis d’un plan, les groupes sont tout d’abord partis à la «chasse» aux Outings dans leur quartier –«Avez-vous remarqué l’apparition de curieux personnages dans votre quartier? En avez-vous croisé un près de chez vous? Qui a remarqué celui à l’entrée de la Bibliothèque municipale? Et celui derrière l’école?». Certains enfants se sont photographiés avec leurs trophées de chasse. Puis, après s’être questionnés sur l’identité des figures – «Au fait, qui est-ce? Ce personnage a-t-il existé ou fait-il partie d’un mythe? À quelle époque appartient-il? Quels indices détient-on?»-, les écoliers sont venus au MAH avec pour mission de découvrir l’identité de ces énigmatiques personnages.

Avec pour aide-mémoire les photos réalisées dans le quartier, une véritable chasse est alors lancée à travers les salles du musée! «Attention les personnages sont parfois bien cachés dans les tableaux! Regardez comme tout change lorsque le tableau est visible en entier!». Au tour de la médiatrice dédiée de délivrer quelques indices, anecdotes ou récits croustillants, afin d’en dévoiler davantage sur la vie réelle ou fictive de ces figures sorties d’un autre temps. Le contact direct avec les tableaux est indispensable au processus d’identification, et permet surtout d’attirer le regard des enfants sur des œuvres qui n’auraient peut-être pas retenu leur attention…
Ces rencontres seront d’autant plus précieuses que les fantômes de papier créés par les enfants sont promis à une fin certaine. Le 10 janvier, Outings Project touchera à son terme et les murs de la ville seront nettoyés. Une raison de plus pour les artistes en herbe de revenir au musée pour retrouver leurs compagnons d’aventure. Et pour boucler la boucle, les photographies du volet Dedans-Dehors sont désormais à retrouver dans l’Espace famille du musée.