Qui était Jules Georges Hantz ?

Portrait du directeur du Musée des Arts décoratifs de Genève de 1885 à 1920

À son ouverture en 1910, le Musée d’art et d’histoire rassemble les collections de plusieurs musées créés à Genève au XIXe siècle, à l’exemple du Musée académique, du Musée archéologique ou encore du Musée des arts décoratifs. Inauguré le 2 novembre 1885 sous le nom de Musée des arts industriels de Genève, ce dernier est logé à titre provisoire dans quatre salles de l’École d’horlogerie, située rue Necker depuis 1880. La nouvelle institution se retrouve au cœur du quartier de Saint-Gervais, à proximité des ateliers de la Fabrique et de l’école, fondée en 1824 par la Société des Arts, «pour donner un enseignement scientifique et technique à Genève». Le programme muséographique élaboré pour le nouvel établissement comprend non seulement la présentation de produits ouvrés, mais aussi celle de produits bruts; l’orientation du musée vers les «arts décoratifs», rebaptisé dans ce sens dès 1886, a toutefois très vite limité  le nombre de ces derniers.

Portrait du directeur du Musée des Arts décoratifs de Genève de 1885 à 1920

À son ouverture en 1910, le Musée d’art et d’histoire rassemble les collections de plusieurs musées créés à Genève au XIXe siècle, à l’exemple du Musée académique, du Musée archéologique ou encore du Musée des arts décoratifs. Inauguré le 2 novembre 1885 sous le nom de Musée des arts industriels de Genève, ce dernier est logé à titre provisoire dans quatre salles de l’École d’horlogerie, située rue Necker depuis 1880. La nouvelle institution se retrouve au cœur du quartier de Saint-Gervais, à proximité des ateliers de la Fabrique et de l’école, fondée en 1824 par la Société des Arts, «pour donner un enseignement scientifique et technique à Genève». Le programme muséographique élaboré pour le nouvel établissement comprend non seulement la présentation de produits ouvrés, mais aussi celle de produits bruts; l’orientation du musée vers les «arts décoratifs», rebaptisé dans ce sens dès 1886, a toutefois très vite limité  le nombre de ces derniers.

Un Musée des arts décoratifs au service des apprentis et des artisans

La forte implication des «gens de métiers» dans ces institutions du quartier de Saint-Gervais est particulièrement bien incarnée par Georges Hantz (La Chaux-de-Fonds 1846 – Genève 1920) nommé directeur du nouveau musée en 1885 et dont le bureau réserve une place d’honneur à son établi à encoches de graveur.

Hantz_Atelier
Edouard Jeanmaire, Georges Hantz dans son atelier de la rue Berthelier à Genève, 1885
Huile sur toile, 35 x 52 cm ©MAH, inv. 1982-0060
Bureau_encoche
Le bureau à encoche de Georges Hantz

Vouées à démontrer l’alliance de l’art et de l’industrie dans les chefs-d’œuvre de l’horlogerie, ses interventions décisives¹ dans la conservation d’ensembles pertinents ou l’ordonnancement des salles sont mises au service des artisans genevois, de cette Fabrique qu’il connaît intimement et qu’il défend contre ses détracteurs occasionnels. Sa vision muséologique, comme son intense activité de médiation, a laissé son empreinte sur le Musée d’art et d’histoire, dans sa section d’arts décoratifs et arts appliqués. Georges Hantz a constamment favorisé une mission essentielle pour le musée: le contact permanent avec les milieux intéressés. Et ce, en rendant accessible l’étude et la comparaison des œuvres, ces «objets de musée» qui sont autant des modèles de savoir technique, des objets technologiques, que des œuvres d’art et d’histoire.

Qui était Georges Hantz ?

Fils d’un Alsacien français et d’une mère de vieille famille française installés à La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel), Georges naît dans cette ville le 4 novembre 1846: son père Isidore Vincent Hantz, patron d’un atelier d’émaillerie et de décoration de boîtes de montres, le place en apprentissage dans le fameux atelier créé par le boîtier Fritz Kundert et son beau-frère Adolphe Dubois. Georges y devient graveur et commence à gagner sa vie, tout en cultivant un goût ardent pour la nature et la montagne.

G_Hantz avant 1920
Georges Hanz (1846-1920)

Il décide en 1869 de se perfectionner à Genève et entre comme graveur-ciseleur dans l’atelier de Georges Oettinger (1817-1891). Il figure aussi parmi les premiers élèves de l’École d’art appliqué à l’industrie (fondée en 1869) de la cité de Calvin et fréquente les classes des peintres Barthélemy Menn (1815-1893), Pierre Pignolat (1838-1913) et du sculpteur Louis-Étienne-André Dorcière (1805-1879) pour le modelage.

B 13_
Cabinet en ébène, orné d’une montre et d’émaux genre Limoges, 1885
Concours Galland, H. 54,8 ; L. 31,5 ; P. 18 cm ©MAH, inv. B 0013
AD 5740_Etui a cigarettes_GHantz
Étui à cigarettes et son écrin, 1896. Argent, émail, or, satin, cuir et velours
©MAH, inv. AD 5740

Naturalisé genevois en 1874, il fonde en 1878 un atelier de décorateur de boîtes de montres: il y crée aussi des objets d’art, présente avec succès au concours Galland de 1885 (gravure et ciselure) un cabinet en ébène orné d’une montre et d’émaux genre Limoges; il crée en 1896 la médaille officielle de l’Exposition nationale où il présente un étui à cigarettes (fig.), et dessine d’autres médailles et des pièces de fantaisie, toujours gravées, émaillées et ciselées. Il collabore avec l’Usine de dégrossissage d’or (créée en 1870) en fournissant des fonds de boîtes gravés, ne délaissant jamais son burin de graveur-ciseleur-médailleur. Il compose et exécute aussi une série d’ex-libris, distinguée par sa technique très minutieuse.

Un directeur prompt à défendre son musée

Parallèlement à son intense activité de cabinotier, étant considéré comme un érudit dans le domaine de l’art appliqué à l’industrie, Georges Hantz élabore, organise et administre entre 1884 et 1920 le Musée des Arts décoratifs de Genève, sur mandat du Conseil administratif. Sa mission le conduit à Neuchâtel, Zurich, Winterthour, Saint-Gall, puis en France, à Lyon et Paris, en Allemagne, en Belgique, à Bruxelles et Anvers, ainsi qu’en Italie. Il est rapporteur des grandes expositions collectives (Milan, Turin, Paris, Zurich…) où sa plume est savante, loquace et piquante parfois.

Cavalier hindou attaqué par une panthère, v. 1880. Plomb frappé, empreinte d'un sujet gravé pour boîte de montre, dite "épreuve d'atelier" ©MAH, inv. AD 4062
Cavalier hindou attaqué par une panthère, v. 1880. Plomb frappé, empreinte d’un sujet gravé pour boîte de montre, dite « épreuve d’atelier » ©MAH, inv. AD 4062

Les expositions qu’il présente au musée de Genève débordent du cadre de la Fabrique et touchent à tous les domaines des arts appliqués (reliure, tissus, étains, verrerie…): les études qu’il publie se concentrent sur son domaine de prédilection (émaillerie et gravure) où on le lit attentif aux gestes et secrets de métier. Toujours prêt à mettre en scène les collections de «son musée» dans ses écrits et ses conférences, il valorise l’intérêt propre des œuvres qui y sont conservées – les défendant contre leurs détracteurs jugeant à tort qu’il s’agit de toc et de matériel de brocante. «Une série de bijoux bracelets époques de 1830 à Louis Philippe. Du toc, a dit un critique! Non pas, mais bien les anneaux destinés à reconstituer toute une chaîne d’activité industrielle et artistique à Genève partant du 17e siècle à nos jours»².

 

Repère bibliographique: « Regards sur les arts appliqués », in Genava n° 63, n.s. 2015.
¹ Georges Hantz, Proposition de réunion des émaux disséminés au Musée d’art et d’histoire en un local unique, Séance de la commission-consultation du 1er novembre 1916. In: Dossier «Commission chargée d’un rapport sur le placement des Émaux», 1916, Archives MAH.
² Georges Hantz, conférence «Le Musée des Arts décoratifs au nouveau Musée», Société des Arts, Classe d’industrie et de commerce, Athénée, 23 janvier 1911, p. 15. AVG.

One thought on “Qui était Jules Georges Hantz ?

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *