Selon la tradition, Barbe aurait vécu à Héliopolis (Baalbek) au Liban, sous l’empereur Maximin. D’autres sources la font naître à Nicomédie, en Turquie. Son père, Dioscore, l’enferma dans une tour à deux fenêtres afin de la soustraire au prosélytisme chrétien. Cependant, cet emprisonnement n’empêcha pas Barbe de recevoir, en l’absence de son père, le baptême d’un prêtre déguisé en médecin. À son retour, le père apprit de sa fille cette conversion, symbolisée par le percement d’une troisième fenêtre, image de la Trinité. La traînant devant le gouverneur romain de la province, il dut lui trancher la tête et fut instantanément foudroyé.
En Occident, sainte Barbe est associée à la protection contre la foudre; elle est invoquée par les artificiers, les pompiers, les artilleurs, les démineurs et toutes les professions liées au feu ou aux explosifs. Aujourd’hui encore, son effigie est placée à l’entrée des tunnels en construction.

Une sainte très présente en Savoie
La fréquence des lieux de culte dans les Alpes peut être associée à l’exploitation des mines, mais sans doute encore davantage à l’importance des phénomènes orageux dans cette région. La vénération à sainte Barbe en Savoie semble remonter vers 1450, et prendre de l’essor durant les siècles suivants.
À Genève, c’est un bréviaire du XIIIe siècle mentionnant le culte de sainte Barbe dans notre région qui constitue le document le plus ancien. L’importance grandissante de Barbe au XVIe siècle est, quant à elle, symbolisée par le missel de 1521. Ce livre liturgique contient une messe votive de la sainte contra tempestatem, marquant son rôle prophylactique contre les orages fréquents dans notre bassin lémanique. Par ailleurs, un important témoignage de la présence de sainte Barbe dans le théâtre religieux joué en Savoie est parvenu jusqu’à nous par le biais d’un manuscrit du début du XVIe siècle. Sur seize pages, en français, agrémenté de quelques indications en latin, il présente une partie du rôle de Barbe.
Du rituel religieux à la fête de village
Parmi les célébrations de sainte Barbe dans notre région, on peut citer celle de la Société d’artillerie de Genève, fondée en 1856, qui rend hommage chaque année à sa patronne par des salves en son honneur sur La Treille, le premier dimanche de décembre. La fête de sainte Barbe des pompiers en Haute-Savoie – cérémonies ou banquets à Thonon-les-Bains et à Saint-Jean-de-Maurienne – est l’occasion de retracer l’activité opérationnelle de l’année et de remettre les médailles. Fin novembre, la sainte Barbe à Collonges-sous-Salève, foire populaire et commerciale, est pour la municipalité une manière de participer au financement des associations du village. Enfin, le premier samedi de décembre à Bozel, dans la chapelle Sainte-Barbe, a lieu une messe suivie d’une soupe traditionnelle préparée par les villageois. Dans tous les cas, à l’exception du dernier exemple, ces célébrations montrent la disparition du rituel religieux en faveur d’un aspect festif, convivial, voire commercial.
Sainte Barbe sera à l’honneur du 31 mai au 22 septembre 2013 à la Maison Tavel dans le cadre de l’exposition Ferveurs médiévales, représentation des saints dans les Alpes et du colloque qui se tiendra les 17 et 18 juin. Cinq autres expositions consacrées à la dévotion des saints en Savoie auront lieu simultanément à Turin, Aoste, Annecy, Sion et Suse.