Corps et esprits. Regards croisés sur la Méditerranée antique… Derrière ce titre énigmatique se cache une exposition des fleurons des collections antiques du Musée d’art et d’histoire, croisées avec ceux de la Fondation Gandur pour l’Art. Deux cents pièces qui permettent un parcours riche: des œuvres des civilisations égyptiennes, grecques et romaines côtoient des œuvres du Yémen ou encore de la culture du Gandhara.
Au milieu de ces œuvres – qui ne sont présentées ni par ordre chronologique, ni par civilisation – les élèves, tout comme le public adulte, peuvent être un instant déroutés. La première salle, qui présente une vingtaine de têtes entourant quelques statues en pieds, est déstabilisante. Les collections d’antiquités du Musée d’art et d’histoire, comme celles de la plupart des musées, sont en effet organisées par civilisations dans les salles permanentes, cloisonnant ainsi le regard en organisant un parcours qui va d’un monde à l’autre, comme une succession de rencontres avec, en filigrane, une portée chronologique.
Comment, dès lors, aborder une exposition qui rompt avec cet habitus? Comment ne pas s’y sentir désarçonné et y accrocher un propos? Les pistes sont multiples et dépendent des objectifs propres à chaque enseignant en fonction de la discipline enseignée, de l’âge des élèves et de la place de l’exposition dans une séquence pédagogique. Après deux mois d’ouverture, voici quelques éléments de réflexion.
Autour de la rencontre des Grecs et des Romains
Dans le cadre d’un enseignement consacré au monde grec ou romain, le parcours peut s’articuler en se concentrant sur les œuvres de ces civilisations-là. Pour ce qui est des corps, les statues grecques d’Aphrodite et d’Achille forment un point d’ancrage spectaculaire. Les éléments de satyres et du monde dionysiaque permettent également de proposer des regroupements d’œuvres intéressants.
Œuvres grecques ou œuvres romaines? Comme dans les autres grandes collections d’Antiquités, ces statues sont des copies romaines d’œuvres originales grecques. En effet, au moment de la conquête romaine de la Grèce, les Romains sont séduits par l’art raffiné qu’ils y découvrent. Ils organisent alors son exportation vers Rome, avant de le diffuser en réalisant des copies qui viendront orner les jardins, les thermes et les demeures privées de l’aristocratie.
Leur présentation entourée d’œuvres d’autres civilisations offre aussi l’occasion de porter un regard plus large sur l’ensemble du monde méditerranéen et d’élargir ainsi le regard des élèves vers d’autres cultures antiques.
Pour ce qui est de la section consacrée aux esprits et à la spiritualité, les nombreuses représentations de divinités illustrent la richesse du panthéon gréco-romain. Le monde funéraire peut être abordé à travers deux objets attachés à leurs civilisations respectives: une stèle funéraire pour les Grecs et un magnifique fragment de sarcophage sculpté, une centauromachie, pour les Romains.
Autour de la figure humaine
La première salle de l’exposition, en proposant cette rencontre inédite de têtes sculptées, offre aussi d’autres perspectives de découvertes de l’art antique. Des hommes, des femmes, des enfants, des dieux… toutes ces figures rassemblées se répondent. C’est l’occasion d’évoquer les raisons qui poussent les hommes à réaliser des statues, les personnes ou les divinités qu’ils représentent, les matériaux qu’ils emploient ou encore les techniques qui sont les leurs. D’innombrables pistes qui peuvent ensuite se poursuivre lors d’une visite des collections permanentes, lors de moments de croquis dans l’exposition ou de retour en classe.
Autour du monde égyptien
La visite peut naturellement se penser autour du monde égyptien. Les œuvres exposées sont exceptionnelles et la rencontre des deux collections – du Musée d’art et d’histoire et de la Fondation Gandur pour l’Art – favorise une présentation d’une grande richesse. Repérer les œuvres égyptiennes au milieu de celles d’autres civilisations aide ainsi les élèves à comprendre ce qui différencie cet art et ce qui le rend unique. En outre, la section consacrée à Marguerite et Édouard Naville permet d’évoquer le contexte de la découverte des objets égyptiens, tout comme le lien fort et ancien entre l’égyptologie et Genève.
Pour vous préparer à la visite
Un dossier pédagogique à télécharger propose des angles d’approche plus approfondis, ainsi que des images des œuvres exposées. Il suggère également des liens avec les collections permanentes du Musée d’art et d’histoire à faire avant ou après la visite de l’exposition. Pour leur découverte, les dossiers L’Égypte au Musée d’art et d’histoire et La Mythologie au Musée d’art et d’histoire peuvent également le compléter.